La Bible, le mariage et le viol…

Mme D a été victime de viols dans le cadre de ses études.
Comme de nombreuses femmes, elle a subi un psychotraumatisme, avec dissociation et phénomène de sidération au moment du viol. Elle n’a donc pu ni crier, ni se débattre. Elle vient de comprendre pourquoi le sentiment de culpabilité qu’elle ressentait était aussi violent.

Elle est croyante pratiquante, élevée avec les préceptes de la Bible et se souvient maintenant d’un passage de la Bible que lui lisait sa mère lorsqu’elle était plus jeune.
Le texte se trouve dans le livre du Deutéronome, dans l’ancien testament. (1)
C’est un code de lois. Il présente donc les règles qui doivent être respectées par les croyants.
Il condamne les auteurs d’adultère ou d’infidélité à la lapidation et à la mort. La femme est punie si elle n’a pas « crié ».
Car le cri serait le signe unique et absolu d’une absence de consentement…donc d’un viol. Le texte biblique semble considérer que le viol ne peut exister que commis sur une femme fiancée ou mariée, par tout homme à l’exception du mari. Le viol, selon ces versets, serait donc coucher avec une femme mariée, pour un homme autre que son mari à condition qu’elle ait crié pour manifester son absence de consentement ?
Cette définition juridique (car c’en est une !) est encore plus restrictive que les dispositions du Code pénal français, qui imposent de démontrer l’utilisation, par l’auteur du viol, de « violence, menace, contrainte ou surprise »…

Mais tout cela devient limpide à la lecture du Recueil d’histoires bibliques, destiné aux enfants (2). Ce n’est pas de forcer qui est interdit mais d’avoir des relations sexuelles hors mariage : « Un jour que Dinah était venue voir ses amies, il s’empara de la jeune fille et la força à coucher avec lui. C’était mal, car seuls les gens mariés ont le droit de coucher ensemble. »

Le viol n’est donc pas sanctionné.

Comme le dit un prêtre auteur d’agressions sexuelles et d’exhibition sexuelle dans un « dossier » dans lequel l’AVFT intervient actuellement, « On est des hommes comme les autres »… Ce qui est « mal » n’est pas d’agresser, mais de transgresser les règles du célibat.

Et puis de toute façon… Le recueil conclut à la faute de Dinah, qui « fréquentaient des gens qui n’obéissaient pas à la loi divine »…

Une explication, parmi d’autres, des raisons pour lesquelles, aujourd’hui encore, le comportement des victimes est interrogé avant celui de l’agresseur et pourquoi Mme D s’en veut de ne pas avoir crié…

Notes

1. Deutéronome 22 : 22-27
22 « Si l’on trouve un homme couché avec une femme possédée par un propriétaire, alors ils devront mourir tous les deux ensemble, l’homme couché avec la femme, et la femme. Ainsi tu devras faire disparaître d’Israël ce qui est mauvais.
23 S’il y a eu une fille vierge qui était fiancée à un homme, et si vraiment un homme l’a rencontrée dans la ville et a couché avec elle,
24 alors vous devrez les faire sortir tous les deux à la porte de cette ville et les cribler de pierres, et ils devront mourir, la fille parce qu’elle n’a pas crié dans la ville, et l’homme parce qu’il a humilié la femme de son semblable. Ainsi tu devras faire disparaître du milieu de toi ce qui est mauvais.
25 Mais si c’est dans la campagne que l’homme a rencontré la fille qui était fiancée, si l’homme l’a saisie et a couché avec elle, alors seul devra mourir l’homme qui a couché avec elle ;
26 et à la fille tu ne feras rien. La fille n’a pas de péché qui mérite la mort, car c’est comme lorsqu’un homme se dresse contre son semblable et l’assassine bel et bien, oui une âme : le cas est le même.
27 Car c’est dans la campagne qu’il l’a rencontrée. La fille qui était fiancée a crié, mais il n’y avait personne pour la secourir. »

2. chapitre 20, tiré du livre de la Genèse 34 :1-31

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