Nous avons dernièrement constaté lors de réunions de travail, de séminaires… des petites voix insidieuses, prétendument « pro victimes », qui se font entendre, ici et là, et dénoncent d’un air inquiet ces « jeunes filles qui se mettent en danger » lors de soirées alcoolisées… notamment cette jeune femme, qui accepte d’aller boire un dernier verre chez un copain, « sachant ce qui allait arriver »… c’est à dire un viol !
Cette autre, qui a un peu bu, et qui devrait être responsable de ne pas avoir pu maitriser ses « copains de classe », parfaitement saouls et qui a également été violée (et de fait exclue de sa classe et de son lycée) ?
Nous avons encore entendu, de la bouche d’une chercheuse soit-disant « féministe » : « Un viol c’est un viol mais enfin bon, parfois c’est plus compliqué… Je me demande ce qui passe par la tête de ces jeunes femmes qui rentrent à pied chez elles la nuit dans le 19ème arrondissement alors qu’on sait bien que…Je suis féministe, mais comment voulez-vous qu’on les défende après ? ».
« Aller boire un dernier verre » est-il l’équivalent ? d’être violée par son-ses hôte-s??
Boire avec des amis est-il synonyme d’être violée par ces derniers?
Faire la fête est-il interdit aux filles sous peine de devoir assumer les agissements criminels de leurs « copains» ?
L’espace public, au-delà d’une certaine heure et dans certains quartiers, devrait-il être interdit aux femmes ?
Ces propos dangereux pour la liberté des femmes et réducteurs quant aux capacités des hommes à se comporter respectueusement n’est qu’une nouvelle version, actualisée, de la traditionnelle inversion des responsabilités massivement à l’?uvre en matière de violences faites aux femmes : il incomberait aux femmes de ne pas se mettre en danger, de ne pas boire ni sortir, de ne pas mettre de jupe, de ne pas sortir la nuit, ou de se couvrir, pour ne pas provoquer les hommes…
Ce discours n’a rien de nouveau. C’est son adoption par des milieux en principe au-dessus de tous soupçons misogynes qui est particulièrement pernicieux.
