Les servantes écarlates

Il y aurait beaucoup à dire sur « la 9ème journée de rencontres avec les associations de victimes et d’aide aux victimes », qui a eu lieu le 27 septembre place Beauvau.

Pour commencer, l’AVFT n’est ni une « association de victimes » ni une « association d’aide aux victimes », appellation réservée aux associations labellisées par le ministère de la justice et qui respectent un cahier des charges incompatible avec notre projet associatif. Mais nous sommes invitées quand même.

Beaucoup à dire sur les analyses présentées, les engagements pris dont on sait déjà qu’ils ne seront pas ou mal tenus, la novlangue savamment maniée, les ellipses, les euphémismes, les hors-sujets, les non-dits, les arbres qui cachent la forêt, les propos louangeurs à l’adresse des représentant-e-s des associations présentes « grâce auxquelles rien ne serait possible » mais dont les subventions sont réduites et l’existence mise en danger, les lapsus dont on espère qu’ils ne sont pas révélateurs(1).

Mais pour l’instant, tenons-nous en à la forme, dont chacun-e sait qu’elle n’est jamais très éloignée du fond.

La matinée était largement consacrée aux violences à l’encontre des femmes.

En préambule, intervention de Dominique Baudis, défenseur des droits, qui annonce, grand prince : « comme adjointes j’ai nommé trois femmes ». Trois femmes nommées donc, mais parce qu’un homme, leur chef, l’a bien voulu. Applaudissements.

Première table ronde : huit intervenants (commandant, capitaine de police, contrôleur général, secrétaire général du comité interministériel de prévention de la délinquance), dont une femme (assistante sociale).

Deuxième table ronde : six intervenants (« directeur de », « chef de », commandant de police), dont une femme (Commissaire. Ah tiens, une femme commissaire, il fallait en profiter, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval(2). Et bien cette femme commissaire avait été mobilisée pour présenter un projet… comment dire ? d’un intérêt extrêmement limité et subalterne par rapport aux enjeux de la journée(3). Nous aussi, nous savons euphémiser.

Les autres femmes visibles ? Des jeunes femmes, très jeunes, jolies, souriantes, polies, tailleur-queue-de-cheval-talons-aiguilles, dédiées à la fourniture de bouteilles d’eau pour ces messieurs et au passage du micro.

Fascinant. Une assemblée semblant n’y voir que du feu, ne pas réaliser l’arnaque. Un peu comme si Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, venu ouvrir la journée, était arrivé avec un nez de clown sans que personne ne voie où est le problème…

Notes

1. Comme ce commandant de police affirmant que « les membres de la brigade de protection de la famille doivent subir une formation »…

2. En 2004 par exemple, les six femmes admissibles au concours de commissaire sont toutes éliminées, « suscitant même des interrogations du syndicat des commissaires sur l’impartialité du jury de l’époque… » (Médiapart, 27 juillet 2011).

3. Le « dispositif de pré-plainte en ligne, réservé aux personnes victimes d’atteintes aux biens (vols, dégradations, escroqueries, filouteries) », dixit le dossier qu’on nous a remis.

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