L’accès au Tribunal, à l’image de l’accès à la justice ?

Jeune étudiante en droit et stagiaire à l’AVFT depuis peu, je rentre pour la première fois au Palais de Justice de Paris, devant me rendre au « pôle 6 chambre 2 », pour assister à une audience.
L’entrée dans le Palais ne pose pas de problème(1) : portique de sécurité classique et me voilà dans la cour, au pied de la Sainte Chapelle. Là, les choses se compliquent, aucune indication… Je prends au hasard à gauche, à la recherche d’informations, et arrive dans le couloir des chambres correctionnelles. Demandant mon chemin à un policier, celui-ci me répond «Mais vous n’y êtes pas du tout mademoiselle, je ne suis même pas sûr que cette chambre soit au Palais de Justice !».

Après avoir laborieusement trouvé un point de renseignements, je me retrouve dans un ascenseur minuscule m’amenant sous les combles du Palais et, grâce à une simple feuille accrochée à la porte d’une des salles d’audience, j’apprends que pôle 6 est un synonyme de «chambres sociale» dans le jargon local et constate que la chambre 2 est toujours désignée par son ancienne appellation, la chambre 406 ! Il est donc possible de passer devant plusieurs fois avant de comprendre le subterfuge.
J’arrive enfin à destination, mais qu’en est-il des personnes qui viennent pour des audiences qui les concernent personnellement, avec alors la dose de stress inhérente à la situation ? Des personnes pour qui se rendre au Palais de Justice représente déjà un effort en soit, car cela les confronte à un monde pouvant être si éloigné du leur ? Tout est fait pour les pousser à faire marche arrière.

Cette « expérience » sonne comme une parabole de l’accès à la justice : il est en effet très difficile pour les personnes « non-initiées » de s’en sortir lorsqu’elles doivent entreprendre des démarches juridiques, ne serait-ce que pour comprendre le fonctionnement de la justice et déchiffrer le vocable employé, parfois si spécifique.
L’accès au tribunal est ouvert à tous, tout comme chaque citoyen a le droit de saisir la justice s’il l’estime nécessaire. Mais que ce passe-t-il une fois à l’intérieur, et une fois les procédures lancées ? Ne risque-t-on pas de se perdre définitivement dans le dédale juridique, au risque de se demander si cela vaut le coup de commencer ?

Notes

1. Note de l’AVFT : l’accès au Palais de Justice de Paris ne pose pas de problème ce jour là, car la Sainte Chapelle, monument visité par des milliers de touristes chaque année, qui empruntent la même entrée que les justiciables, est fermée. Ainsi, d’habitude, prévenus, victimes et autres justiciables stressés côtoient-ils des vacanciers dans une très longue file d’attente. Il est donc prudent d’arriver 45 minutes à l’avance devant l’entrée du Palais.

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