Lettre ouverte à la directrice générale du CHU de Toulouse

Sur demande du Collectif JeudiOnze, l’AVFT relaie une lettre ouverte relative au harcèlement sexuel à l’hôpital.

LETTRE OUVERTE à Mme Anne FERRER, directrice générale du CHU de Toulouse, et aux membres du Bureau de l’Internat de Médecine de Toulouse

Objet : Harcèlement sexuel à l’hôpital, nous demandons le retrait des fresques sexistes dans les internats.

Chère directrice du CHU de Toulouse, Cher-e-s membres du bureau de l’Internat du CHU de Toulouse,

Nous, internes et externes en médecine, médecins, travaillant à Toulouse souhaitons vous parler du harcèlement sexuel à l’hôpital.

Il est présent tous les jours, et avons décidé d’en parler afin que ces situations cessent. Nous avons chacune et chacun déjà vécu des situations de harcèlement sexuel, qu’il s’agisse de propositions sexuelles de la part de nos supérieur-e-s hiérarchiques, de propos ou manières de nous interpeller dégradantes ( « l’externe femelle« , « ma foufoune« ), de blagues sexistes répétées. Quand nous en avons parfois parlé autour de nous, nous avons trouvé peu de soutien : « c‘est l’humour carabin » étant la réponse habituelle. Il est difficile de nous exprimer quand les auteur-e-s de ces propos sont nos supérieur-e-s hiérarchiques et que la validation de nos stages en dépend.

Qu’est ce que le harcèlement sexuel, d’après le Code Pénal (art. 222-33 2) ?

« Le harcèlement sexuel est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui, soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante« .

L’employeur a l’obligation de protéger ses salarié-e-s vis-à-vis du harcèlement sexuel.

Les fresques représentées à l’internat de l’Hôpital Purpan et de l’Hôpital Rangueil sont une forme de harcèlement sexuel : il s’agit en effet de propos humiliants et dégradants auxquels nous sommes confronté-e-s de façon quotidienne lorsque nous allons prendre nos repas à l’internat. De plus, ces fresques entretiennent des stéréotypes sexistes et nient ou tout au moins banalisent les situations de harcèlement sexuel.

« Ceci est du harcèlement sexuel, qu’en pensez-vous ? » Voici ce que nous avons affiché à l’endroit de cette fresque à l’internat de Purpan ce jeudi 11 janvier 2018, dans le but de poser cette question aux personnes se rendant quotidiennement à l’internat de Purpan (internes, médecins, personnel de service). Nous souhaitions ouvrir un espace de parole sur la problématique du harcèlement à l’hôpital, faire connaître la définition du harcèlement sexuel, donner des outils aux personnes qui en sont victimes, pour avancer vers plus de justice et moins de discrimination(1)l.

Le harcèlement sexuel ne doit pas forcément s’entendre comme un agissement sexuel direct sur la victime mais s’étend à toute contrainte exercée sur une personne par un environnement professionnel dans lequel se répètent des comportements déplacés à connotation sexuelle et dégradant les conditions de travail de la personne qui ne souhaite plus les subir. En février 2017, la cour d’appel d’Orléans a condamné un employeur pour harcèlement sexuel, considérant que « Le harcèlement sexuel peut consister en un harcèlement environnemental ou d’ambiance, où, sans être directement visée, la victime subit les provocations et blagues obscènes et vulgaires qui lui deviennent insupportables(2)».

Ces discriminations et ces situations de violence peuvent cesser. Pour cela, la cessation du harcèlement environnemental ou d’ambiance est un préalable indispensable, tout comme l’information sur le harcèlement sexuel.

Aussi, nous faisons appel à vous : – nous demandons le retrait de toutes les fresques à connotation sexuelle ayant un caractère dégradant et humiliant des internats des hôpitaux Rangueil et Purpan – nous demandons également que des actions de sensibilisation sur le harcèlement sexuel soient menées auprès du personnel de hôpital : par exemple, un lettre d’explication sur les raisons ayant mené au retrait des fresques et sur la définition du harcèlement sexuel, ainsi que sur les droits des victimes et les personnes ressources, pourrait être publiée dans la lettre mensuelle Le Trait d’Union.

Dans l’attente de votre réponse et de vos actions,

Collectif Jeudi Onze

jeudi11@zaclys.net

Notes

Notes
1https://www.ladepeche.fr/2018/01/11/2719638-fresque-sexiste-choque-plusieurs-interneshopital-purpan.htm
2https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/a-la-une/2017/02/harcelement-dambiance-la-courdappel-dorleans-sanctionne-lenvironnement-de-travail
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