Lettre de l’AVFT au président de la République

Monsieur Chirac
Président de la République
Palais de l’Elysée
55 rue du Faubourg Saint Honoré
75 008 Paris

Paris, le 26 août 2004

Par lettre recommandée et par télécopie

Monsieur le Président,

Catherine Moyon de Baecque, alors lanceuse de marteau, a été violée et agressée en 1991 par plusieurs membres de l’équipe de France, encouragés par l’entraîneur national, lors d’un stage fédéral d’athlétisme.

C. Moyon de Baecque fut la première sportive de haut niveau à oser dénoncer les violences sexuelles dans le sport.

Ses agresseurs furent condamnés en 1993 et 1994.

Les ministres des sports successifs se sont engagés à lui garantir un emploi, afin qu’elle ne subisse pas, en outre, une exclusion du milieu sportif du fait des violences et de leur dénonciation.

Pourtant, 13 ans après les crimes et délits dont elle a été victime et qui ont bouleversé sa vie, C. Moyon de Baecque doit continuer à se battre pour que l’Etat respecte ses engagements.

Le ministère des sports de l’actuel gouvernement de M. Raffarin s’est, lors d’une rencontre au CNOSF le 23 avril 2004, engagé en ces termes : « je veillerai à ce que Catherine Moyon de Baecque ne se retrouve jamais sans contrat. Il n’est pas (…) question de la laisser tomber… nous allons l'(y) aider ».

Deux postes lui ont été proposés, mais aucun n’était acceptable, eu égard à leur qualification et à leur rémunération.

C. Moyon de Baecque les a légitimement refusés.

Son contrat actuel, d’une durée de deux mois, s’achève le 31 août 2004.

Cette situation génère une angoisse quotidienne et ravive le traumatisme des agressions.

C. Moyon de Baecque continue donc de payer le prix de son courage.

Les institutions sportives et étatiques ne peuvent pas prendre le relais des agresseurs.

Face à cette situation dégradante et inacceptable, et pour C. Moyon de Baecque et pour la France, et alors que notre pays est candidat pour les Jeux Olympiques de 2012, nous nous adressons à la plus haute autorité de l’Etat que vous symbolisez et incarnez afin que cette situation cesse et que C. Moyon de Baecque soit rétablie dans ses droits.

Nous avions demandé, sans qu’aucune suite n’y ait été donnée :

-la régularisation immédiate de sa situation professionnelle,

-la signature d’un contrat à durée indéterminée, à temps plein, correspondant à ses qualifications,

-la reconnaissance officielle par l’Etat de ses responsabilités à son égard,

-la mise en place d’une politique effective de lutte contre les violences sexuelles, sexistes et lesbophobes dans le sport.

Nous maintenons nos demandes.

Cette situation déshonore la France.

Ne pouvant penser qu’elle puisse perdurer, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre considération.

Catherine Le Magueresse
Présidente

Pièces jointes :

-« Catherine Moyon de Baecque, première sportive de haut niveau à avoir dénoncé les violences sexuelles dans le sport est licenciée par M. Lamour, ministre des sports. » Communiqué de presse du 6 mars 2004

-« A l’heure de la 6ème conférence européenne ‘femmes et sport’ accueillie par la France les 23, 24 et 25 avril 2004, officiellement ouverte par Mme Ameline, ministre à la parité et à l’égalité professionnelle et par M. Lamour, ministre des sports,

Catherine Moyon de Baecque, première sportive de haut niveau à avoir dénoncé les violences sexuelles dans le sport, ne voit toujours pas son contrat de travail renouvelé. »

Communiqué de presse du 15 avril 2004

-« M. Lamour, ministre des sports, maintient, en dépit des engagements formels de son cabinet, sa décision de ne pas renouveler le contrat de Catherine Moyon de Baecque ».

Communiqué de presse du 3 mai 2004

Copie:

-M. Lamour, ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative

-Aux associations et aux personnes qui ont exprimé leur soutien à C. Moyon de Baecque

-Aux parlementaires

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