A deux reprises, les 11 février et 26 octobre 2005, les colonnes de Libération ont accueilli les justifications du cinéaste JC. Brisseau, poursuivi pour escroqueries, harcèlement sexuel, et agressions sexuelles par personne ayant autorité. Les questions complaisantes du journaliste, Antoine de Baecque, lui permettant de donner sa version des violences sexuelles qui lui sont reprochées et de se présenter comme la victime d’un «procès en perversité».
Les quatre femmes qui ont déposé une plainte contre le cinéaste n’ont pas été interviewées, au mépris de la plus élémentaire déontologie journalistique.
Ce parti pris est révoltant.
La description de la réalité des violences décrites par les victimes, dont les lectrices et lecteurs de Libération ont été privé-es, aurait pourtant rendu limpide la stratégie d’agression de JC Brisseau, les contraintes exercées et les mécanismes d’emprise mis en place par ce dernier lors des «essais» proposés à de jeunes actrices.
Nombreuses sont celles qui, contentes de décrocher un essai, voire une promesse de tenir le rôle principal dans le film d’un cinéaste réputé, ignorent que la même promesse a été simultanément faite à d’autres actrices.
Pendant les «essais», JC Brisseau, dont les films ont pour thème le plaisir sexuel, demande aux actrices de se masturber, de simuler un orgasme, ou d’avoir des relations sexuelles entre elles.
Mais ces «séances» se multiplient et durent parfois des années; l’une d’elles a ainsi attendu cinq ans. Le cinéaste impose des attouchements, se masturbe, se comporte en voyeuriste. Puis, lorsqu’il est lassé, que la comédienne ne se soumet pas totalement à ses demandes ou se révolte, il l’humilie, la casse psychologiquement et la congédie pour recommencer avec une autre proie, tout en recommandant le silence sur ce qu’il s’est passé. L’enquête judiciaire a permis de mettre à nu ce système d’agression.
JC Brisseau invoque le thème de ses films et la liberté artistique pour échapper à ses responsabilités.
Or le thème de ses films ne lui donne aucun droit d’accès au corps des actrices. Et la liberté artistique ne saurait être invoquée pour justifier des violences sexuelles réprimées par le droit.
Le procès public aura lieu le 3 novembre 2005, à 13h30 devant la 10ème chambre correctionnelle du TGI de Paris.