Affaire Brisseau : immunité artistique ou principe de responsabilité individuelle ?

Une pétition de soutien à Jean-Claude Brisseau, cinéaste poursuivi pour harcèlement sexuel, agressions sexuelles et escroquerie devant le Tribunal correctionnel de Paris circule sur Internet. Les signataires déclarent : « Nous aimons les films de Jean-Claude Brisseau. Nous avons vu et admiré De bruit et de fureur, Noce blanche, L’ange noir, Choses secrètes etc. La manière dont certains medias ont rendu compte du procès qui lui est fait nous semble insupportable.

C’est un artiste, un artiste blessé. Jean-Claude Brisseau n’est pas seul, nous sommes à ses côtés. Nous le soutenons et attendons ses films à venir. Tous ses films

Le soutien des signataires est inconditionnel.

A les croire, la fonction de cinéaste exonèrerait JC Brisseau des violences commises à l’occasion des essais préalables à la réalisation de ses films.

Les femmes qui ont déposé des plaintes contre JC Brisseau appréciaient, elles aussi, le travail du cinéaste. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles elles ont refusé dans un premier temps de voir et de croire à une réalité évidente: les exigences sexuelles du cinéaste n’avaient rien de professionnel. Elles visaient la satisfaction d’un désir sexuel purement personnel.

Dans un texte de réponse à cette pétition, elles écrivent:

«Les quatre comédiennes qui ont porté plainte contre Jean-Claude Brisseau, la vingtaine qui ont témoigné dans cette affaire ont aimé les films de Jean-Claude Brisseau. Toutes ont vu et admiré «De bruit et de fureur», «Noce blanche», «L’ange noir». Ce sont des femmes, des comédiennes blessées. Humiliées, abusées par un cinéaste au nom de son art. (…)

Le procès Brisseau n’est pas le procès du cinéma. C’est le procès d’un homme qui s’est servi du cinéma comme alibi pour commettre des actes de violences sexuelles insupportables et réprimés par la loi.

Celles et ceux qui ont assisté au long et pénible procès du 3 novembre ont entendu les faits dénoncés, les préjudices subis. Parce que l’on fait du cinéma, parce que l’on met en scène le rêve, le fantasme, l’imaginaire, on a le droit, en toute impunité, de harceler, d’agresser, de détruire autrui?

Aucune des plaignantes ne remet en cause la liberté artistique de Jean Claude Brisseau. Qu’il continue à faire des films, bien sûr!

Mais plus au prix de notre intégrité physique et morale. Plus au prix de notre dignité.»

La pétition de soutien à JC Brisseau prolonge les violences exercées par celui-ci et s’inscrit dans le déni des violences… au nom de l’art.

Un des enjeux de ce procès, dont le délibéré sera rendu le 15 décembre, est donc bien de rappeler que l’immunité artistique n’existe pas. Que JC Brisseau est une personne responsable de ses actes. Et qu’aucune justification ne peut être admise lorsqu’il s’agit de violations de droits fondamentaux: droit à l’intégrité physique et psychique, droit à la liberté sexuelle.

Les victimes de JC Brisseau qui ont eu le courage de dénoncer ses violences avec le coût professionnel que cela entraîne ne sont pas seules; nous sommes à leurs côtés.

Paris, le 23 novembre 2005

Contacts : Catherine Le Magueresse ou Marilyn Baldeck

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