« Les anges exterminateurs » : plaidoyer pro – domo d’un délinquant sexuel

Le 15 décembre 2005, le Tribunal correctionnel de Paris a condamné Jean-Claude Brisseau à un an de prison avec sursis et 15 000? d’amende pour harcèlement sexuel à l’encontre de deux comédiennes. Le cinéaste n’a pas fait appel.

Dans leur plainte, ces deux comédiennes dénoncent les manipulations, les mensonges et les agressions de JC Brisseau, qui leur imposait de passer des « essais », en leur demandant de se masturber, de simuler un orgasme, ou d’avoir des relations sexuelles entre elles.

Le thème du film « Les anges exterminateurs », une soit – disant recherche sur le désir féminin et sur le plaisir sexuel que procure la transgression des interdits lui sert d’alibi pour satisfaire ses désirs sexuels. En effet, au cours de ces « séances» qui se multiplient et durent parfois des années, le cinéaste ordonne des attouchements, se masturbe, se comporte en voyeuriste. Puis, lorsqu’il est lassé, que la comédienne ne se soumet pas totalement à ses demandes ou se révolte, il l’humilie, la casse psychologiquement, dénigre son travail et la congédie pour recommencer avec une autre proie, tout en recommandant le silence sur ce qu’il s’est passé.

L’instruction et l’audience ont permis de mettre à nu ce système d’agression. JC Brisseau, lui, en fait un film.

« Les anges exterminateurs » lui sert aujourd’hui de tribune pour justifier son comportement. Il est représentatif du discours habituellement tenu par les agresseurs sexuels, consistant en un déni des violences et une inversion des responsabilités. JC Brisseau s’exprime à travers l’acteur qui joue le rôle du réalisateur et directement par une voix ?off’. Il se présente comme une victime et un bouc émissaire.

 Bouc émissaire d’une société puritaine qui n’accepterait pas ses « recherches » sur le sexe et le désir féminin. Il paierait pour sa liberté de pensée et non pour avoir commis des délits de nature sexuelle. Mauvais argument : son film n’est pas subversif. Il colporte les habituelles idées reçues sur les femmes et leur sexualité.

 Victime d’un complot d’actrices, vexées de n’avoir pas été retenues pour le film. C’est la théorie de la vengeance, doublée de celle du complot (qui va de la juge d’instruction aux gendarmes en passant par les victimes et leurs conjoints), qui est ici invoquée pour délégitimer les plaintes de femmes. Il serait condamné en raison de cette conspiration, et non pour avoir gravement atteint aux droits fondamentaux des actrices : droit à l’intégrité physique et psychique, droit à la liberté sexuelle.

 Victime de la manipulation et de la perversité des femmes. Parmi les propos entendus dans le film, les femmes sont « toutes un peu bizarres, un peu salopes », « entre femmes, on ment, on se vante », « les comédiens, on est toutes des putes pour décrocher un rôle ».

Pour renforcer le message, ce ne sont que des femmes qui dans le film véhiculent les stéréotypes les plus éculés à l’encontre des femmes : vénalité, femmes n’assumant pas leurs désirs, femmes incapables de solidarité, garces entre elles… donc femmes peu crédibles.

 Victime de sa naïveté. Ce sont les actrices qui l’auraient provoqué.

Le cinéma est ainsi instrumentalisé pour véhiculer le discours d’un agresseur. Pour les victimes directes de JC Brisseau qui n’ont pas les moyens de répondre, c’est ignoble. Pour nous toutes et tous qui refusons cette vision caricaturalement sexiste des femmes, c’est insupportable.

Nous appelons au boycott de ce film financé par la Sorcière rouge et TS productions, avec la participation du Centre National de la Cinématographie, de CineCinéma et distribué par Rezo films.

Appel à diffuser largement ou/et à distribuer devant les cinémas qui programment ce film, dont la sortie est prévue le 13 septembre 2006.

Contact :
Catherine Le Magueresse – AVFT-Libres et Egales- www.avft.org- contact@avft.org – 01 45 84 24 24

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