« Il peut aussi exhiber sa nudité pour tenter de la séduire »

Le hasard d’une déambulation dans une librairie m’a fait tomber sur le massif « Droit du sexe » de Francis Caballero (739 pages, éditions LGDJ, 50? tout de même…). Francis Caballero, agrégé de droit, Master of laws de l’université d’Harvard et avocat.

Le titre en lui-même est tout un programme. Si les expressions « droit du travail », « droit des affaires », fréquemment entendues, ne heurtent pas l’oreille, il en va autrement de ce titre. Grammaticalement, « du sexe » est le complément du nom « droit », qui marque l’appartenance du second au premier. En clair, le « sexe » aurait des droits ou « le droit de… ». Le « sexe », c’est-à-dire ? L’organe tout seul ? La personne à laquelle il appartient ? Un homme ou une femme ? Si l’on se réfère à la manière dont on a longtemps désigné les femmes, à savoir par l’expression misogyne « le sexe », il pourrait s’agir du droit du sexe féminin. Mais quelques exemples glanés par-ci par-là dans cette somme suggèrent qu’au contraire, il est question du droit des hommes et de leur sexe sur les femmes et leur sexe (1).

Bien entendu, les premières pages que j’ai consultées sont celles sur le harcèlement sexuel. Elles mériteraient à elles seules d’être confrontées à la réalité face à laquelle l’AVFT se trouve quotidiennement confrontée. Ceci viendra peut-être si le temps (celui qui passe, pas la météo !) le permet.

Mais en attendant, une première perle.

Dans un paragraphe sur « le harcèlement sexuel en droit pénal », Francis Caballero écrit, à propos du harceleur sexuel : « (…) Il peut aussi exhiber sa nudité pour tenter de la séduire ». Francis, voyons, c’est un paragraphe sur le harcèlement sexuel, pas sur la séduction, c’est pas exactement la même chose… non ? Et puis Francis, tout de même ! Pensez-vous sérieusement que c’est ainsi qu’on séduit une femme ? En lui présentant glorieusement, sans autre forme de procès (enfin, qui sait ?), son costume trois pièces ? Francis, n’est-ce pas un tantinet prétentieux ?

« Caballero » veut dire « cavalier » en espagnol. Et en français, « cavalier » ne désigne pas seulement celui qui monte à cheval.

Notes

1. …Bien entendu, cette rhétorique est d’une parfaite mauvaise foi, F. Caballero étant connu pour ses positions pas très « féministes-friendly », notamment en matière de prostitution.

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