Pour avoir connaissance d’un délibéré, nous avons passé deux jours entiers à appeler régulièrement le greffe du conseil de prud’hommes de Nanterre.
Après quelques minutes de sonneries dans le vide, nous tombons sur un répondeur, qui nous indique d’autres numéros, qui finissent également par revenir, en boucle, sur le même répondeur…
Une quinzaine d’appels plus tard…
Nous sommes accueillies par un charmant monsieur, qui nous donne notre délibéré, et dont l’étonnement est manifeste à mesure qu’il détaille le jugement et les sommes attribuées à la victime et à l’AVFT.
Enfin, il nous demande : « Et vous êtes qui vous ? Je cherche des adresses pour orienter les gens qui nous appellent ».
Nous avons parlé près de vingt minutes.
Nous avons senti combien il était désemparé de devoir sans cesse répondre à des demandes pour lesquelles il n’avait pas de réponse, pour lesquelles souvent, il n’avait même pas d’adresse pour réorienter.
Combien il était lassé qu’on lui crie dessus car les syndicats dont il donne l’adresse ne renseignent selon ses dires que leurs adhérents, que les services d’accueil de l’inspection du travail renvoient vers… le conseil de prud’hommes.
Combien il désespérait que de nombreuses personnes entendent « conseils » dans Conseil de prud’hommes.
Combien il était désabusé de renseigner des personnes qui n’ont ni papier ni stylo pour noter les renseignements fournis.
Combien il était perdu, confronté à des demandes et des agissements incroyables, avec des gens en grande souffrance.
Combien il voulait bien faire et « ne pas se tromper » quand il devait répondre à une personne lui indiquant qu’elle allait se tuer…
Et combien le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux n’arrangeait rien à son quotidien de travail…