L’AVFT et les médias : le féminisme au « frigo »

Le féminisme au frigo… Mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Derrière ce titre se cache la réalité à laquelle nous sommes confrontées depuis quelques années. « Mettre un article au frigo », dans le jargon journalistique, signifie « geler » une information parce que « ça n’est pas le moment », parce que « on a déjà parlé de femmes récemment », parce que « ce sujet est trop compliqué », parce que « c’est trop déprimant(1)», parce qu’elle dérange. Nous avons entendu cette expression pour la première fois dans la bouche d’une journaliste du journal le Monde, au sujet d’un article qu’elle avait écrit, relatif à la campagne de l’AVFT sur la modification du délit de dénonciation calomnieuse. Cet article n’a jamais paru.

Depuis une quinzaine d’années, lorsqu’elle n’est pas tout simplement occultée, ou mise au « frigo », la question des violences sexuelles au travail est au mieux traitée sous ses aspects pratiques(2), au pire « mal-traitée » : déformation de la parole des victimes, inversion des rôles, dévaluation de la gravité des faits et négation des analyses de l’AVFT.

Les articles ou émissions audiovisuelles qui rendent réellement compte de la réalité humaine et judiciaire telle qu’elle est expérimentée par l’AVFT se comptent sur les doigts d’une main(3).

Et lorsqu’un-e journaliste a simplement fait son travail, nous nous réjouissons, alors que c’est bien là le moins que nous devrions attendre : à savoir des articles ou émissions « justes », ce qui ne signifie pas « subjectifs ».

L’étude de la revue de presse alimentée par l’AVFT depuis 20 ans(4) met en lumière une nette dégradation, ces dernières années, de la question des violences sexistes et sexuelles au travail. Dégradation amorcée en 1992, au moment même du vote des lois sur le harcèlement sexuel.

Après le vote des lois : « lorsqu’on jette des cailloux sur un arbre, c’est qu’il a porté ses fruits(5) »


Marie-Victoire Louis a, dans un article de 1998(6), distingué trois périodes marquant l’évolution de la presse française sur le harcèlement sexuel :
1977-1985 : « Emergence du thème du harcèlement sexuel dans la presse française ».
1986-1992 : « La croissance des plaintes, la montée des luttes et le vote des lois » dont la presse se fait globalement et positivement écho.
1992-1998 : « La mise en ?uvre progressive des arguments antiféministes : le backlash ».

Si l’effet de nouveauté, le caractère tabou du sujet et le combat soutenu de l’AVFT ont suscité l’intérêt, voire parfois l’adhésion des médias pour l’analyse féministe des violences faites aux femmes au travail avant le vote des lois, une fois la lutte traduite juridiquement, même insuffisamment et imparfaitement, le traitement médiatique a changé de nature. C’est donc précisemment au moment où les féministes ont obtenu gain de cause, que l’intérêt et parfois le soutien des médias a décru.

Nous pouvons supposer qu’une fois que le harcèlement sexuel a reçu une traduction juridique, la loi s’imposait à tous et à toutes, ce qui a conduit chacun-e, journalistes y compris, à s’interroger sur ses comportements individuels ou sur les tolérances à cette violence dans son milieu professionnel.

L’AVFT est amenée à accompagner des victimes de violences sexuelles travaillant dans le secteur des médias. Mais, immanquablement, quand nous rencontrons des femmes journalistes, elles commencent par affirmer que les violences dénoncées par l’AVFT leur sont totalement étrangères avant de « se souvenir » de moments de leur carrière où elles ont dû faire face à de tels agissements(7).

Le vote des lois a donc été vécu comme un bouleversement de l’ordre établi et une remise en cause du pouvoir sexuel masculin(8) dans tous les milieux professionnels. Or, celui des médias est un lieu masculin, et un lieu de pouvoir par excellence (comme en témoignent les rapports de l’Association des Femmes Journalistes(9)) dans lequel les résistances aux progrès féministes semblent particulièrement actives, et l’abandon des prérogatives masculines particulièrement lent. Cette observation est une clé de compréhension du traitement médiatique qui a été réservé aux violences faites aux femmes au travail à partir du vote des lois en 1992.

Cette analyse n’est malheureusement pas originale. Des cailloux ont toujours été lancés sur les arbres portant des fruits féministes. Les féministes anglo-saxonnes ont baptisé ce phénomène « backlash », les féministes québécoises « ressac ».

L’entreprise de négation de la réalité des violences sexuelles faites aux femmes au travail a, en France, pris plusieurs formes : la comparaison avec la situation américaine, la sur-médiatisation de cas de harcèlement sexuel commis par des femmes à l’encontre d’hommes, la diffusion de stéréotypes misogynes à l’encontre des femmes et des féministes, et la minoration des faits qu’elles dénoncent.


A l’étranger : l’exemple américain à ne pas reproduire

À partir de la discussion, puis du vote des lois françaises relatives au harcèlement sexuel, les journalistes s’intéressent au seul pays qui, à l’époque, réprime ce comportement : les Etats-Unis. Selon les journalistes, ce qu’il faut retenir de ce précédent juridique est avant tout que c’est la loi qui crée le harcèlement sexuel, et non le harcèlement sexuel qui crée la loi. Ainsi, le vote des lois aux Etats-Unis aurait donné l’illusion aux femmes qu’elles étaient victimes de harcèlement sexuel : « (…) les militantes féministes exagèrent le danger et réveillent les vieux stéréotypes. Apprendre aux jeunes femmes à se sentir sexuellement vulnérables d’une façon aussi extrême aura des conséquences dangereuses. (…) Après les universités, le débat pourrait bientôt s’étendre aux lycées, où certains parlent déjà d’ « épidémie » de harcèlement sexuel (10)». Le harcèlement sexuel ne serait donc pas une réalité, mais un artefact, un phénomène construit de toutes pièces par les féministes américaines.

Dès 1992 (vote des lois), les journalistes mettent en garde contre la prochaine entrée en vigueur de la définition pénale du harcèlement sexuel en 1994, en faisant référence à la soi-disant liberticide situation américaine : « Les gars, profitez-en, posez votre main sur le genou de votre voisine (…), oui, profitez-en car, bientôt, ce sera fini tout ça ! » ; « Bref, sous prétexte de progrès et d’égalité, les féministes veulent nous ramener au XIXème siècle !(11) ».

Marie-Victoire Louis note « que les intellectuel-le-s français-e-s, y compris féministes, ont largement contribué à la présentation caricaturale de la situation censée prévaloir aux Etats-Unis, comme à l’écriture idéalisée, pour employer un euphémisme, de l’histoire des rapports de sexe en France ».

La presse est cependant rassurée sur la « sagesse » de la loi française qui restreint le harcèlement sexuel aux abus d’autorité des supérieurs hiérarchiques, comme en témoigne ce dossier spécial : « nous sommes loin de la législation américaine appelée « sexual harassment », qui, en quelque sorte, interdit toute velléité séductrice entre collègues, quel que soit leur rang hiérarchique(12) ». Ce journaliste se réjouit donc que le harcèlement sexuel entre collègues reste licite…

En 1994, l’antiféminisme d’Elisabeth Badinter est déjà relayé par les médias. A propos de l’affaire Anita Hill contre le juge Clarence Thomas(13), elle affirme, dans le Nouvel Observateur de novembre : « la chasse aux sorcières a laissé place à la chasse aux sorciers. Par quel dévoiement du féminisme en est-on arrivé là ? ».

Les revues juridiques mettent aussi en garde contre l’américanisation des relations hommes-femmes au travail. Un dossier sur le harcèlement sexuel des Cahiers du droit n°1, en novembre 1994, loue la prudence du législateur français qui a évité de « déclencher une guerre des sexes à l’américaine ». Cette idée est renforcée par un encart dans l’article qui énonce que « la loi du 2 novembre 1992 limite son champ d’application au harcèlement entre supérieur hiérarchique et subordonné, soucieuse de ne pas aboutir aux excès américains, où s’effacer devant une femme pour lui tenir la porte devient suspect ».

Lorsqu’il est question de harcèlement sexuel aux Etats-Unis, l’information principale de l’article est le montant des dommages et intérêts réclamés et ou obtenus par les victimes :

Le Monde, 3 septembre 1994 : « (…) le jury d’un tribunal de San-Francisco a condamné le plus grand cabinet d’avocats du pays, Baker et McEnzie, à verser près de 7 millions de dollars à l’une de ses anciennes secrétaires qui avait été victime de harcèlement sexuel de son supérieur (…) ».

Dépêche Associated Press du 29 novembre 1994 : « la joaillerie Tiffany and Co condamnée à verser 1,8 millions de francs dans une affaire de harcèlement sexuel ».

Il est notable que même les articles qui présentent le vote des lois françaises comme une avancée mettent aussi en garde contre l’avidité des victimes nord-américaines, et contre le risque que harcèlement sexuel soit créé de toutes pièces à des fins financières. Un article de France Soir, intitulé : « harcèlement sexuel, ne vous laissez plus faire(14) » est contrebalancé par un encadré : « Main au panier, main au porte-monnaie » qui affirme qu’aux Etats-Unis, « ça tourne au sport national ! ». On n’apprend en revanche rien du dispositif légal qui réprime le harcèlement sexuel dans ce pays, rien sur le nombre réel de plaintes et les suites qui y sont données. La compensation financière attribuée aux femmes victimes(15) dissimule toute question et analyse de fond.

La référence aux Etats-Unis est l’occasion d’une violence et d’une malhonnêteté inouïes à l’encontre des féministes. Le Courrier International publie une caricature illustrant l’exclusion de sa classe d’un petit garçon américain de six ans reconnu coupable de harcèlement sexuel pour avoir embrassé une camarade de classe. Une femme bourreau tient la manette qui permet d’actionner une chaise électrique sur laquelle le petit garçon est attaché. Le dessin est légendé : « triomphe féministe !», alors même que l’article qui le suit mentionne les protestations des féministes suite à cette exclusion.

Sur un corpus comprenant vingt ans de coupures de presse, seul un journal, Le Figaro Economie(16), s’est distingué en s’interrogeant sérieusement sur les stéréotypes habituels. Le journaliste affirme que les féministes américaines ne cherchent pas la guerre des sexes puisque « Le sexe de l’employé n’entre pas dans la définition. Hommes et femmes peuvent donc être indifféremment victimes de harcèlements sexuels(17)». La loi sur le harcèlement sexuel ne signe pas la fin de la « séduction » en contexte professionnel puisque « Un employé peut faire la cour à un autre employé sans que l’on se trouve en situation de harcèlement sexuel ». Elle ne remet pas non plus en cause la possibilité de faire des compliments à ses collègues de travail : « Contrairement à ce que certains pensent, un employé peut être publiquement complimenté pour sa toilette, sa mine ou son allure, sans aucun risque ». En revanche, le journaliste n’a pas pris la peine de se renseigner sur le dispositif permettant de condamner pour harcèlement sexuel, car il parle de « loi » et de « délit ». Or aux Etats-Unis, le délit de harcèlement sexuel n’existe pas en tant que tel. Seule la responsabilité de l’employeur est poursuivie sur le fondement de la discrimination liée au sexe (quel que soit le sexe). Pour échapper à une condamnation, l’employeur doit prouver qu’il a non seulement traité la plainte de la victime avec diligence en menant une enquête approfondie et le cas échéant en sanctionnant l’auteur du harcèlement sexuel, mais également qu’il avait mis en place une politique de prévention du harcèlement sexuel conséquente.

Les hommes harcelés par des femmes : de vraies victimes


Un nombre élevé d’articles relatant des cas d’hommes harcelés par des femmes, alors que ces cas sont en réalité extrêmement rares, ont notamment fleuri autour de l’adaptation cinématographique du livre de l’écrivain américain Michael Crichton, « harcèlement ». Le magazine Femme de décembre 1994/janvier 1995 titre : « Elles soumettent les hommes à leur désir » et précise : « (…) elles aussi exercent leur pouvoir pour obtenir des hommes qu’ils leur cèdent ».

Il est probable que les médias jugent moins intéressant de rendre compte de situations « banales » parce qu’elles ne constituent pas de « l’information », dans le sens où ce terme est employé par les rédactions : ce qui change, ce qui est nouveau, ce qui relève du fait divers, ce qui va faire sensation… Au nom d’un supposé souci de « rentabilité », les organes de presse préfèrent relater des histoires d’hommes harcelés et de femmes harceleuses, au mépris de la réalité selon laquelle 19% de femmes déclarent avoir été victimes de violences, sexistes ou sexuelles, commises par des hommes au travail(18), chiffre porté à 30 à 50% à l’échelle de l’Union européenne(19).

C’est avoir là fort peu de considération pour les destinataires des médias. Nous pensons pour notre part que nos lecteurs-trices méritent une information de fond, une informantion…informante, et non divertissante, qui fait diversion.

Mais surtout, mettre en exergue des faits de violences sexuelles commises par des femmes à l’encontre d’hommes est un procédé visant à relativiser le constat et les analyses de l’AVFT et des féministes, voire à décrédibiliser la dénonciation de la domination sexuelle masculine à l’?uvre au travail. Ou comment le cas particulier tente d’éclipser une réalité sociale pour le plus grand confort du système patriarcal.

Pour renforcer l’effet de miroir déformant médiatique, le traitement réservé aux affaires de harcèlement sexuel exercé par des femmes sur des hommes est très différent que lorsqu’un homme harcèle une femme. Les titres sont plus engagés : « Harcèlement : traumatisé par ses collègues femmes(20) » et plus dissuasifs pour de potentielles harceleuses : « l’entêtement amoureux de Corinne et Patricia les conduit en prison(21) ». Ce cas de harcèlement commis par des femmes est d’ailleurs tellement rare que cette même information est reprise par le magazine ELLE… deux ans plus tard, dans un article intitulé : « Pire que les mecs : deux harceleuses au tribunal(22) ». Et quand bien même des femmes harceleraient, pourquoi serait-ce « pire » que lorsque des hommes harcèlent ?

La douzaine d’articles figurant dans les archives de l’AVFT, relatant le licenciement de deux hommes, père et fils, de l’usine Bildermann de Prouvy, dans le nord de la France, après avoir dénoncé le harcèlement sexuel de leur directrice, est exemplaire de la distorsion de traitement selon que le/la harceleur-euse est un homme ou une femme : aucun de ces articles ne met en doute la parole de ces hommes, comme c’est presque systématiquement le cas lorsqu’une femme dénonce des violences sexuelles. Pour la presse, la parole d’un homme est donc moins contestable que la parole d’une femme.

Des femmes infréquentables et dangereuses

Allumeuses : « Libre à nous de vamper notre boss mais interdiction pour lui de nous faire choisir entre le canapé et le placard, voire la porte(23) ».
Prédatrices : « Des hommes, il y en a plein les bureaux. Pas tous libres ou de premier choix, mais au moins on a le temps de prospecter ou d’enquêter(24) ».
Revanchardes : « Voici vingt-cinq ans que les femmes des Etats-Unis s’attaquent au pouvoir des mâles(25) »
Intéressées : « Paula Jones accuse Bill Clinton de harcèlement sexuel… mais elle a attendu que ce dernier soit élu président pour le faire. 700 000 dollars à la clé ?(26) »

…et des féministes en particulier

Belliqueuses : Elles ont annoncé « la guerre des sexes », « le début d’une offensive(27) ». Il existerait des « brigades féministes en marche(28) »

Les journalistes véhiculent les stéréotypes les plus éculés sur les femmes, alors qu’il serait de leur devoir, à l’instar des magistrats, de s’interroger sur les schémas, les clichés, qui risquent de parasiter la transmission d’une information juste et conforme à la réalité.

Femmes victimes : parole dévaluée, faits déqualifiés, minorés.


Les titres relatifs à des femmes victimes de violences sexuelles déqualifient très souvent les faits qu’elles dénoncent. Un harcèlement sexuel peut par exemple devenir une simple « grossièreté(29) ».

Les violences vécues sont rarement nommées pour ce qu’elles sont ; régulièrement, une pénétration forcée n’est pas qualifiée de viol : « (…) et, enfin – « l’élément le plus sérieux du dossier », d’après le président Jean-Jacques Drapier -, « les caresses vaginales » du duo B-G. A aucun moment, elle n’a été violée(30) ».

La liste des moyens utilisés pour contribuer au « backlash médiatique » à la suite du vote des lois n’est pas exhaustive.

Les journalistes se sont aussi employés à écrire des articles sur « l’amour au bureau » et les relations harmonieuses entre les hommes et les femmes au travail, pour mieux accuser les féministes d’avoir tué « la séduction à la française ».

Certains articles, encadrés, dossiers spéciaux sur le harcèlement sexuel sont même présentés sous l’angle des limites à ne pas franchir pour ne pas tomber sous le coup de la loi, en fonction des secteurs d’activité. Des sortes de « guides pratiques » à l’usage du harceleur.

Une analyse attentive des procédés lexicaux et grammaticaux serait également utile pour montrer comment les idées antiféministes peuvent subtilement s’infiltrer dans les esprits. C’est le cas par exemple lorsque les journalistes font porter aux lecteur-trice-s leurs propres analyses pour mieux les légitimer : « l’ambiance était si tendue qu’ on se demande pour quelle raison la jeune femme n’a pas tenté de trouver du travail ailleurs(31)». Ou s’identifient au sujet de leur article : « Libre à nous de vamper notre boss (…)(32)».

Enfin, il y aurait beaucoup à dire sur le contexte, la place dans les journaux ou programmes audiovisuels, des articles, émissions de radio ou de télévision concernant les violences faites aux femmes au travail : illustrations qui dévalorisent le propos même quand il est juste et argumenté. Ou proches des représentations des séries américaines qui assimilent ainsi le sujet de l’article ou de l’émission à de la fiction. Articles sur le harcèlement sexuel figurant dans un dossier spécial « drague au bureau »…

1Les magazines nous « tiennent fidèlement à l’abri des grandes idées, des combats et des problèmes de notre temps ». 1

Benoîte Groult, Ainsi soit-elle, Grasset, à propos de la presse féminine… en 1975.

Haro sur les violences faites aux femmes au travail

Le constat fait par Benoîte Groult en 1975 à propos de la presse féminine est malheureusement toujours d’actualité en 2006, tous médias confondus.

Nous avons choisi, sur la base de quelques articles de presse, émissions de radio ou de télévision que nous jugeons représentatifs du traitement médiatique des violences faites aux femmes au travail de ces dernières années (2003-2006), de vous faire partager nos déceptions, nos colères et nos doutes sur les rapports que l’AVFT et le féminisme peuvent entretenir avec les médias.

Les médias en parlent de moins en moins

La première de nos observations, c’est que si les demandes de victimes adressées à l’AVFT continuent à affluer, l’intérêt porté à la question des violences sexistes et sexuelles au travail ne cesse lui, de décroître. L’éloignement entre l’AVFT et les médias n’est pas seulement qualitatif mais aussi quantitatif : le nombre de coupures de presse conservées à l’AVFT n’a cessé de diminuer avec les années.


Articles ou émissions… au congélateur

Nous sommes sollicitées pour des articles ou émissions de télévision qui ne paraissent pas, ne sont pas diffusés. Le fait que ces articles ou émissions portent les idées défendues par l’AVFT n’est peut-être pas étranger à cette censure.

Pour citer trois exemples, entre 2003 et 2006 :

Une journaliste avait écrit un dossier spécial, commandé par un magazine spécialisé sur la grossesse, sur le thème de la « grossesse au travail » et ses corollaires : discrimination à l’embauche, l’avancement, licenciements abusifs, etc. Nous avions consacré beaucoup de temps à cette journaliste pour lui transmettre nos analyses et l’avions mise en contact avec des femmes exclues du travail en raison de leur maternité.
Il en est résulté un dossier très complet et proche de la réalité.
Ce travail rigoureux n’a pas été récompensé puisque le magazine commanditaire a finalement refusé l’article au motif que « c’était trop sombre pour le lectorat, qu’il ne faut pas désespérer ». L’auteure de l’article n’est jamais parvenue à le faire publier malgré ses démarches auprès d’autres supports de presse. Les mots de cette journaliste résonnent encore : « mais que faut-il que je fasse, que j’invente une autre réalité ? ».

Une réalisatrice de documentaires rencontrée à l’occasion de la campagne de l’AVFT en faveur des intermittentes du spectacle(33) a souhaité prendre pour sujet la campagne de l’AVFT pour la modification du délit de dénonciation calomnieuse. Elle pensait qu’au moment de « l’affaire d’Outreau », les diverses rédactions pour lesquelles elle travaille seraient intéressées par un autre aspect de l’erreur judiciaire. Malgré un travail de fond et de gros efforts pour convaincre les chaînes de télévision, cette réalisatrice reconnue dans son milieu professionnel n’a, à son grand étonnement, pas vu son projet voir le jour. Elle témoignait du malaise que suscitait la campagne de l’AVFT auprès des chaînes clientes.

Il semble que les journalistes sont réticents à diffuser des informations issues d’une source militante, a fortiori féministe, car elles sont considérées comme de l’information partiale, donc non fiable. Pourtant, nous croyons en l’universalité de nos analyses et leur pertinence objective. Nul besoin par exemple d’être un-e féministe convaincu-e pour voir dans la rédaction du délit de dénonciation calomnieuse une violation des droits les plus élémentaires(34).

Un journaliste d’une chaîne de télévision cryptée avait pris contact avec nous pour préparer un documentaire sur les violences sexuelles commises à l’encontre des femmes dans l’armée. Malgré la solidité des éléments que nous lui avions apportés et les propres investigations du journaliste, le documentaire a été refusé parce que « trop rapproché d’un autre documentaire sur les femmes(35) ».

Peur d’être taxée d’émission de chaîne trop féministe parce que diffusant trop de documentaires sur la vie des femmes ? Cette chaîne, en ayant la volonté de segmenter les violences faites aux femmes, a manqué l’occasion d’en montrer le continuum.

Les analyses féministes représentent-elles un tel risque pour l’ordre établi qu’elles sont ainsi censurées ?


Et que se passe-t-il quand ces sujets sont publiés ou diffusés ?



La problématique est évitée : le biais du harcèlement moral

Le pire ennemi médiatique -et pas uniquement : social et juridique aussi- du harcèlement sexuel est le harcèlement moral. Dès qu’un article ou une émission a pour objectif de traiter les deux sujets en même temps, les questions liées au harcèlement moral éclipsent celles liées au harcèlement sexuel, délit dont les femmes sont spécifiquement victimes. La dimension sexuée de cette violence disparaît ; les journalistes, comme l’ensemble de la société, préfèrent se réfugier derrière des concepts qui ne remettent pas en cause une vision conservatrice des relations entre les hommes et les femmes. Depuis 2002, année du vote de la loi sur le harcèlement moral, le harcèlement sexuel est de moins en moins traité comme un sujet à part entière mais comme une variation sur le sujet principal qui est le harcèlement moral.
Ce fut très symptomatiquement le cas dans le programme « solidairement vôtre » de la chaîne KTO, en septembre 2005.


Les sujets prennent place dans un mélange de sujets inintelligible

Nous avons été contactées par une journaliste de la radio « le Mouv’ », fréquence « jeune » du service public, dans le cadre de la préparation de « quatre jours sur les discriminations ». Cette radio avait pour ambition de programmer une émission sur le racisme le lundi, sur l’homophobie le mardi, sur la handiphobie le mercredi et enfin le jeudi… de faire un florilège de discriminations dans lequel il s’agissait d’insérer les discriminations dont sont victimes les femmes, « parce qu’on n’en aura pas encore parlé les autres jours ». La journaliste rajoutait sans complexe : « il n’est pas exclu de rajouter un témoignage de racisme anti-gros à la fin pour n’oublier personne ». Nous lui avions alors expliqué qu’après la violence des agressions, il était exclu de confronter les femmes que nous accompagnions au déni des médias. Les motifs de ce refus ne semblent pas avoir été compris car la journaliste insistait en arguant que nous ne pouvions nous permettre de nous passer d’un tel audimat.


Le parti pris éditorial est diamétralement opposé à notre propos 

Lorsque Jacqueline Rémy, dans un article de l’Express du 21 février 2005, titre : « Il devient risqué d’abuser de son pouvoir pour obtenir des faveurs sexuelles. Et le champ de la loi pourrait être élargi », sous-entend-elle qu’il faut rapidement profiter des derniers instants d’impunité pour les harceleurs sexuels ? Imaginerait-on le titre suivant : « il devient risqué de faire de fausses déclarations d’impôt. La loi pourrait prévoir des sanctions plus lourdes » ?

Un tel propos est la négation même de l’existence du délit, que la journaliste, qui se place du point de vue de ses perpétrateurs et non de ses victimes, récuse.

Et lorsqu’elle ajoute à son assertion : « Une cinquantaine de condamnations sont prononcées chaque année », elle dramatise la situation des délinquants en « omettant » d’enquêter sur le nombre de plaintes déposées chaque année en France, et sur le nombre de femmes victimes qui ne déposent pas de plainte en raison des lacunes de la loi. Ces cinquante condamnations semblent lui donner la certitude que la question du harcèlement sexuel a reçu une traduction juridique largement suffisante (voire démesurée) alors que ce nombre est en réalité un déni de justice pour les nombreuses autres victimes.

S’entêtant dans cette fausse route, J. Rémy indique que : « Pourtant, Catherine Le Magueresse, présidente de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail, veut encore élargir le champ de la loi ».

Cet article fait du tort aux victimes et n’informe même pas de façon objective sur la réalité humaine et juridique du harcèlement sexuel.


Les articles sont destructeurs pour les victimes

Un article d’Ariane Chemin du journal le Monde du 16 octobre 2004 fait le compte-rendu d’un procès auquel elle a assisté, sur l’invitation de l’AVFT. Il s’agissait d’un procès en dénonciation calomnieuse, mettant en cause une femme que l’AVFT accompagnait dans ses démarches depuis de nombreuses années. Le sous-titre de l’article est le suivant : « un cadre de France Telecom, accusé de viol et innocenté, réclame 270 000 euros à la pseudo-victime ». Ici, le-la lecteur-trice est trompé-e, dans le fond comme dans la forme.

Pseudo, du grec pseudes, signifie : « menteur, d’apparence trompeuse ». Mme P. a été bouleversée d’être ainsi désignée. Après la violence des agressions, la violence d’une non-reconnaissance par la justice, la violence de l’inversion des rôles devant un tribunal… la violence de la presse.

Le corps de l’article est à l’avenant. Le procès devient « une histoire d’homme et de femme au travail », de « baisers », de « soutiens-gorges dégrafés », de « mains dans la culotte », de « pénétration digitale » sur « un fauteuil de bureau renversé ». Cette description digne d’un mauvais roman fait largement écho à la plaidoirie adverse : c’était un « flirt », un « début d’idylle ». Et pour renforcer le caractère fictionnel, donc faux, de ce qui se passe dans le tribunal, la journaliste parle de « pièce qui se tient à l’audience ».

L’ex-prévenu, désormais partie civile, est décrit comme une personne parfaitement inoffensive : il est habillé d’un « petit costume de retraité », il a « une couronne de cheveux blancs ». Tandis que Mme P. est « grande, tout en noir ». L’article se passe donc d’une remise en cause de stéréotypes selon lesquels un agresseur doit ressembler à un agresseur (grand, costaud et patibulaire) et la victime doit être d’apparence « fragile » et de préférence porter les marques de son anéantissement par les agressions.

Un autre article du journal Le Monde écrit par Yves Bordenave, du 13 septembre 2006, intitulé : « Le maire harceleur avoue avoir tendance à toucher facilement » a été un choc inouï pour une victime dont il est fait mention. Il est dit : « De même, s’il a bien eu une relation consentie avec une employée municipale dans les locaux de la mairie, c’était en dehors des heures d’ouverture au public », « oubliant » purement et simplement de préciser que ladite employée, femme que l’AVFT soutient, avait déposé une plainte pour viol contre le maire. Ici, l’information est tronquée, manipulée et ne permet pas, même pour un lecteur éclairé et doué d’esprit critique, de se faire une idée de la réalité. Nous avions pourtant remis au journaliste, à sa demande, les conclusions de l’avocat de la partie civile ; il ne pouvait donc ignorer ce fait.
Depuis cet article, le maire se targue que « même Le Monde dit que Mme S. était consentante ».

Imagine-t-on l’effet produit sur cette femme ? Le journal français de référence, lu dans toute la France et dans le monde entier, s’autorise à juger, seul, de son consentement, sans même l’avoir interviewée.


Les articles comportent des erreurs en droit

Nous ne comptons plus les erreurs commises dans l’énoncé et l’interprétation de la loi. C’est le cas d’un article récent du Figaro en date du 18 septembre 2006(36) dans lequel la définition du harcèlement sexuel citée n’est pas la bonne. Ce fut également systématiquement le cas dans les articles relatant la lutte en soutien des intermittentes du spectacle. Les questions de droit soulevées étaient en effet complexes, mais nous avions pris soin de remettre des notes écrites sur les points de droit, auxquelles les journalistes pouvaient se référer. Et lorsque que nous suggérons aux journalistes de nous faire relire les passages juridiques, factuels, et uniquement ceux-là, pour leur éviter des erreurs, ils nous répondent qu’il s’agit d’ingérence dans leur travail.

Ces erreurs en droit sont graves car elles sont ensuite véhiculées par le lectorat (et éventuellement les autres médias). En outre, elles n’entachent pas seulement le sérieux du journaliste mais aussi la crédibilité de l’AVFT par laquelle il est supposé avoir obtenu cette information. Pour ces deux raisons, nous pensons être légitimes à relire les passages techniques des articles avant publication.


L’AVFT est niée en tant que force politique 

Les victimes : voilà ce qui intéresse les journalistes. Bien souvent, lorsque ces derniers nous contactent, c’est pour nous faire jouer le rôle d’intermédiaire entre les personnes que nous accompagnons et eux. Nous devons donc régulièrement préciser que nous ne sommes pas des « pourvoyeuses » de témoignages et que nous ne les mettrons en contact avec les victimes qu’avec leur accord et à la condition que l’AVFT, en tant que structure, puisse s’exprimer.

En revanche, les médias sont spontanément beaucoup moins intéressés par le rôle politique de l’AVFT, en dépit de son analyse, sa connaissance des lois et de leur évolution, de la jurisprudence et des situations humaines.

Cette négation prend plusieurs formes.

L’AVFT peut ne pas être citée, alors que le journaliste a pris connaissance de l’information par le biais d’un communiqué de presse de l’association.

L’AVFT peut être plagiée. Ce fut le cas dans un article du journal Libération du 22 octobre 2004 qui reprend longuement des passages du texte « le projet de loi du gouvernement Raffarin « relatif à la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste et homophobe » est indéfendable », sans que soit explicitement précisé qu’ils émanent de l’AVFT. Tout laisse penser que c’est la journaliste qui est l’auteure de ces lignes.

Les journalistes peuvent vouloir faire appel à un « expert », généralement avocat, pour cautionner l’article/l’émission, se privant ainsi du point de vue privilégié de l’AVFT sur la question des violences faites aux femmes au travail et de sa capacité d’expertise.

L’absence de l’AVFT dans ces articles va de pair avec une absence de politisation générale des médias sur les problématiques féministes, réduites à aux situations individuelles, alors qu’elles relèvent de problématiques collectives.

En effet, les médias n’informent pas sur les points essentiels ; ils se contentent d’exposer des faits -pas toujours très fidèlement- et écartent les idées. Il semble pourtant qu’un journaliste appartenant à la rédaction d’un journal d’information politique et générale(37) devrait avoir un minimum d’estime pour la chose politique.

Les campagnes de l’AVFT sont donc rarement relayées.

En octobre 2005, une double page du cahier « emploi » du journal Libération consacré au harcèlement sexuel et à la directive européenne qui impose aux Etats membres de l’Union Européenne une nouvelle définition de ce délit ne fait pas mention de la proposition de loi de l’AVFT.

L’article du journal Le Monde déjà cité : « Le maire harceleur avoue avoir tendance à toucher facilement » « oublie » totalement l’aspect politique du procès qu’il rapporte. Il s’en tient à une description des propos tenus à l’audience et n’informe pas le lectorat sur ce qui constitue pourtant le c?ur du procès et un vrai problème de fonctionnement des institutions : qu’un maire puisse être condamné pour violences sexuelles et continuer d’exercer son mandat parce que, notamment, la loi crée une immunité des élus sous mandat qui interdit qu’ils soient déchus de leurs droits civiques. Pas plus qu’il n’indique que l’AVFT mène une campagne pour que les maires condamnés pour de telles violences soient privés de leur mandat.

Et le droit de réponse ?


Nous entendons régulièrement : « Mais pourquoi n’utilisez-vous pas le droit de réponse ? …Vous y avez pourtant droit ! ».

En effet, l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse dispose que « Le directeur de la publication sera tenu d’insérer dans les trois jours de leur réception, les réponses de toute personne nommée ou désignée par le journal ou écrit périodique quotidien sous peine de 3750 euros d’amende sans préjudice des autres peines et dommages-intérêts auxquels l’article pourrait donner lieu ».

Ce droit bénéficie en théorie aux personnes nommées, c’est à dire que seules les personnes qui sont directement les victimes de propos tenus dans un journal peuvent l’exercer. Ce droit n’est malheureusement pas toujours effectif(38).

Par ailleurs, cette même loi, dans son article 13-1 reconnaît un droit de réponse aux « associations remplissant les conditions prévues par l’article 48-1, lorsqu’une personne ou un groupe de personnes auront, dans un journal ou écrit périodique, fait l’objet d’imputations susceptibles de porter atteinte à leur honneur ou à leur réputation à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ».

Cet article accorde donc un droit de réponse élargi aux associations luttant contre le racisme et les atteintes aux religions.
Elles peuvent d’une part se substituer à une tierce personne victime d’une « atteinte à l’honneur » ou à la « réputation » à raison de son « origine », « appartenance » ou « non-appartenance » à « une ethnie, nation, une race ou une religion déterminée », avec l’accord de l’intéressé-e. Cette possibilité est intéressante car les victimes n’ont pas toujours elles-mêmes l’énergie de demander des réponses aux journaux.
D’autre part, ce droit peut être exercé par ces associations lorsqu’un groupe de personnes a été atteint dans son honneur ou sa réputation. La loi reconnaît donc à ses associations le droit de rétablir la vérité, ou du moins d’apporter une vision différente de celle exprimée par le journal, quand elles estiment que la population qu’elles défendent a été bafouée.

Alors que les attaques, les atteintes à l’honneur des femmes et l’expression de la haine à leur encontre sont légion dans la presse, qu’elle soit d’information politique et générale, spécialisée ou même féminine, le législateur a singulièrement exclu les associations de lutte contre les violences faites aux femmes de ce droit. Ceci démontre une coupable absence de volonté politique en matière de lutte contre le sexisme véhiculé par les médias, et les fortes résistances à l’?uvre dans le monde de la presse.

En informant, les médias font bien plus qu’informer : ils reproduisent et prescrivent des systèmes de pensée qui ne sont pas toujours, loin s’en faut, dépoussiérés de représentations archaïques en matière d’image des femmes et de relations entre les femmes et les hommes.

Les journalistes, en tant qu’individus, et les organes médiatiques, en tant que structures, ont pourtant la particulière responsabilité de s’interroger et de prendre conscience de leurs propres stéréotypes pour ne pas les reproduire au risque de parasiter l’information.

Par ailleurs, l’analyse a besoin de temps pour être exprimée, ce qui est difficilement compatible avec le format médiatique -et en particulier télévisuel- qui exige rapidité et information à chaud. Il est, dès lors, assez périlleux d’essayer de transmettre des idées qui nécessitent de déconstruire des habitudes, des systèmes de pensée traditionnels, ce qui constitue pour beaucoup un réel bouleversement, sans brusquer le lectorat / les auditeur-trice-s / téléspectateur-trice-s, et sans nous caricaturer. Et il est illusoire de vouloir jouer notre rôle d’éveil des consciences par la voie médiatique à l’heure où les chaînes de télévision ont pour principal objectif de vendre aux publicitaires « du temps de cerveau humain disponible(39) ».

Quelles sont donc les solutions pour pouvoir continuer à nous faire entendre sans déroger à nos principes ?

Il faut que les médias changent par rapport au féminisme et aux femmes, et l’AVFT entend y contribuer en amont en intervenant dans les écoles de journalisme.

Nous pouvons aussi concevoir des règles plus strictes d’acceptation des sollicitations journalistiques :

N’accepter que les émissions de télévision ou de radio diffusées en direct pour prévenir tout risque de coupes au montage ;

Demander un temps ou un espace minimum d’expression ;

Refuser les interviews des journalistes qui refusent une relecture par l’association des passages techniques de leurs articles ;

Et pourquoi pas, soumettre une charte « du respect de la parole des victimes et de l’AVFT » aux journalistes sur laquelle ils s’engageraient avant que nous accédions à leurs demandes.

Parallèlement, nous pouvons multiplier les contacts directs avec le public via les sensibilisations, les formations et les débats publics, et ainsi diffuser notre propre information. C’est aussi ce que nous faisons grâce à ce livre.

Marilyn Baldeck

Notes

1. Ce sont des justifications réellement apportées à la non-publication d’articles.

2. Comme des encarts sur ce qu’il faut faire en cas de harcèlement sexuel, dans la presse féminine grand public.

3. Le Code pénal, refuge pour le sexisme ? de Catherine Lafon pour l’Humanité ou Les associations féministes en lice d’Hélène Rouquette-Valeins pour Sud-Ouest, en 2005. Nelly Trumel nous donne aussi l’occasion de longuement nous exprimer dans son émission « Femmes Libres » de Radio Libertaire.

4. Grâce aux articles donnés par des sympathisant-e-s et envoyés par des adhérent-e-s et classé-e-s par MC. Dèbes, bénévole

5. Proverbe africain, de mémoire.

6. Le harcèlement sexuel : sujet privilégié de l’antiféminisme, in Un siècle d’anti-féminisme (sous la direction de Christine Bard), Fayard, 1999. Consultable sur www.marievictoirelouis.net

7. Il revenait par exemple à la mémoire d’une journaliste rencontrée récemment, qu’à ses débuts dans une chaîne de télévision publique, le rédacteur en chef lançait régulièrement à la cantonade : « alors laquelle des stagiaires allez-vous prendre pour vous faire sucer ? »

8. Voir article de C. Le Magueresse : Le délit de harcèlement sexuel : La difficile mise en cause du pouvoir sexuel des hommes au travail, chapitre 3.

9. http://www.femmes-journalistes.asso.fr/

10. Dépêche AFP, 24 décembre 1993.

11. Elle, « sens interdits », éditorial de Philippe Trétiack du 8 novembre 1993.

12. Le Particulier, janvier 1993.

13. Anita Hill, une ancienne collègue de Clarence Thomas à l’Université de l’Oklahoma, l’avait accusé de harcèlement sexuel. En dépit de ces accusations, C. Thomas a été nommé juge à la cour suprême des Etats-Unis.

14. France Soir, 2 septembre 1996.

15. Qui est réelle, puisque aux Etats-Unis seule l’entreprise est pénalement responsable en cas de harcèlement sexuel. Les dommages et intérêts sont donc liés au chiffre d’affaire, et non au salaire du harceleur.

16. Le Figaro Economie, 9 août 1996.

17. Comme en droit français, la loi n’exclut pas les hommes de la définition du harcèlement sexuel. Il sont cependant extrêmement minoritaires et, dans nos « dossiers », victimes d’autres hommes.

18. Enquête Louis Harris de 1991 commandée par le Secrétariat d’Etat aux droits des femmes.

19. Chiffres de la Commission européenne, 1999.

20. Dépêche Reuter, 8 septembre 1994.

21. Libération, 21 octobre 1994.

22. Elle, décembre 1996.

23. Biba, juin 1994.

24. Cosmopolitan, novembre 1993.

25. Nouvel Obs, 19-25 mai 1994.

26. Nouvel Obs, 19-25 mai 1994.

27. Elle, « Sens interdits », 8 novembre 1993.

28. le Monde, 5 octobre 1996.

29. Article de 1994 sur une audience du tribunal de Rochefort, dont nous avons perdu la source.

30. Or les pénétrations, qu’elles soient vaginales ou autres, si elles sont commises avec violence, contrainte, menace ou surprise entrent dans la définition légale du viol.

31. Sud-Ouest, 8 juin 1994, article : « le droit de cuissage existe-t-il encore ? »

32. Biba, juin 1994.

33. Voir chapitre 4

34. Voir chapitre 3

35. Il s’agissait d’un documentaire sur les violences intrafamiliales.

36. « Harcèlement sexuel : la grivoiserie n’est pas une excuse ».

37. Qui correspond à une catégorie de publication de presse dont font par exemple partie Libération, Le Monde ou le Figaro.

38. Voir Action Critique Médias, www.acrimed.org

39. Patrick Le Lay, PDG de TF1

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