Plainte pour viol : « Il y a des horaires, Madame »

Le 30 décembre 2008, nous avions reçu un appel d’une jeune femme victime d’un viol très récent à son travail, dans le « secteur social ».

Elle était complètement désorientée, ne comprenait pas ce qui lui était arrivé et perdait toute énergie à l’idée d’entamer des démarches et, en particulier, était paralysée par l’angoisse et un sentiment de honte -fréquent chez les victimes de violences sexuelles- à l’idée de franchir les portes d’un commissariat pour déposer une plainte.

Rassemblant tout son courage, c’est pourtant ce qu’elle a fait et s’est rendue dans un commissariat proche « du lieu de l’infraction », en Seine-et-Marne.

Expliquant au policier à l’accueil pourquoi elle était là, il lui a répondu qu’il fallait qu’elle revienne. Désespérée, et n’étant pas certaine de retrouver la force de revenir, elle a insisté. Il répond : « Il y a des horaires, Madame« (1)

C’est donc aux victimes de faire correspondre le moment où elles seront en état de parler aux horaires de la police. Et pas l’inverse.

La victime a finalement décidé de déposer une plainte tout de suite, et s’est rendue dans un commissariat d’un autre département d’Ile de France pour le faire.

Un mois plus tard, cette plainte n’a toujours pas été transmise au commissariat du « lieu de l’infraction », seul habilité à enquêter. Où elle va devoir refaire le récit du viol…

Notes

1. En réalité, il existe dans de nombreux commissariats et gendarmeries des « référent-es violences » chargés de prendre les plaintes pour des violences « conjugales » et/ou sexuelles. Ces référents ne sont pas toujours présents, mais ce n’est pas ce qui a été expliqué à cette victime. En tout état de cause, étant donné le nombre de viols commis en France chaque année (les estimations les plus prudentes sont de 50 000 viols/an), des référent-es présents en permanence (et correctement formés…) seraient indispensables.

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