L’AVFT était convoquée mardi 16 juin devant la Cour d’appel de Paris, suite à une décision de relaxe d’un auteur de harcèlement sexuel, d’agressions sexuelles et de harcèlement moral.
La victime, Mme X. et l’association, toutes deux parties civiles, avaient formé appel du premier jugement.
Tant le comportement de la présidente que la rédaction du jugement faisaient preuve d’un parti pris manifeste contre la victime ainsi qu’une application erronée du droit.
Mme X. avait été mise en accusation. La présidente avait constamment invalidé son ressenti et son vécu.
Elle lui avait demandé, en manifestant sa désapprobation : «Mais en quoi ça vous dérange que votre employeur vous fasse des compliments sur votre physique?» ou encore «Qu’est ce que vous avez imaginé?».
Elle n’avait pas tenu compte des nombreux faits précis et circonstanciés rapportés par Mme X.
La procédure devant le Conseil de prud’hommes de Paris avait été à l’avenant : un conseiller, lors du bureau de jugement, lui avait également fait des remarques particulièrement déplacées : «Est-ce que vos autres copines sont aussi mignonnes que vous ?» ; «Pourquoi votre mère vous a laissé retourner travailler ?».
Aujourd’hui Mme X. a radicalement perdu confiance en la justice.
En prévision de l’audience devant la Cour d’appel, nous lui avions demandé de réfléchir à l’actualisation de son préjudice et de faire le bilan de ces audiences, et des procédures engagées.
Voilà ce qu’elle nous a écrit :
(…)
Comment avoir confiance en une justice qui me renvoie le fait que mon ami n’ait pas agressé mon patron comme une preuve de non culpabilité ? Aurait-il du le faire ??? (…)
Je voyais le fait de dire stop et de dénoncer ce qu’il m’avait fait comme un moyen d’aller mieux et un acte de courage, mais je me rends compte que j’aurais dû écouter les gens qui m’avaient mise en garde : hélas, le harcèlement reste un sujet tabou et les réactions de certaines des personnes qui sont censées être à l’écoute des victimes sont malheureusement violentes et insultantes, mais envers moi.
A aucun moment lors des prud’hommes et du pénal (sauf lorsque c’est la procureure qui a parlé) je n’ai été reconnue en tant que victime. M. Y. a été plus que ménagé, comme si c’était lui qui avait vécu ces agressions.
Je ne comprends pas. Ce qui m’était annoncé comme un semblant de thérapie n’est en fait qu’un lapidage, un vrai massacre. J’ai l’impression d’être allée à l’abattoir; que c’était mon jugement et non le sien. Je n’ai ressenti aucune suspicion de la part des juges à son égard, tandis que moi j’étais la coupable. Ils ont ma vie dans leur main et ils s’en fichent.
Je comprends maintenant que les victimes ne parlent pas. La justice nous décourage. Avec tout ce que j’ai entendu sur moi lors de ces audiences, je me trouve forte de ne pas m’être foutue en l’air. La justice continue à me détruire.
Voilà ma pensée. Mais de toute façon je ne me sens pas capable de dire tout ça devant les gens.
C’est pourquoi nous publions ces lignes, avec son accord, pour que cette parole puisse s’exprimer et qu’elle puisse être entendue, cette fois-ci, sans interférences.
Epilogue : Mme X, son avocate et l’AVFT ont appris la veille de cette audience que la citation avait été adressée par erreur à…l’épouse du prévenu. L’audience a donc été renvoyée au 24 novembre prochain.
Les parties civiles ont malgré tout dû se déplacer.
Sous le coup de l’angoisse et du stress, Mme X. a fait deux malaises avec pertes de connaissance à l’audience, nécessitant l’intervention des pompiers et une surveillance à l’hôpital.
Justice…