Lettre de rupture du contrat de travail de Mme X aux torts de son employeur
Monsieur,
Salariée de votre société, je déplore certains de vos propos, gestes et attitudes et affirme qu’ils ont des conséquences néfastes sur mon état de santé physique et mental. Actuellement, je ne suis plus en mesure de supporter ces conditions de travail qui ont entrainé un nouvel arrêt pour maladie (après celui du mois de juillet). Je prétends que votre comportement relève du harcèlement moral et sexuel.
En effet, j’ai été victime de nombreuses remarques dégradantes et irrespectueuses du fait de leur caractère sexuel manifeste telles que «déshabillez-vous», «on sort ensemble», «on mange ensemble», «on fait l’amour dans la réserve», «vous êtes ma plus belle vendeuse», «je vous aime», «j’aurais aimé faire ma vie avec vous», «vous avez de beaux poumons» ou encore «quelle belle poitrine». Vous disiez que j’avais plus de «poitrine» que Marie, l’autre vendeuse, et que c’était pour cela que vous étiez très entreprenant. Vous avez répété ce genre de remarques extrêmement souvent alors que je vous ai tout de suite fait savoir que je les trouvais vulgaires et inconvenantes et cela a entraîné de nombreuses disputes entre nous.
Vous m’avez également fait part de votre jalousie envers mon petit ami, que vous dites détester du fait de sa relation avec moi.
Vous m’avez à plusieurs reprises coincée dans l’angle que forment la caisse et la vitre d’entrée lorsqu’elle est ouverte et que la chaise qui s’y trouve est déplacée derrière la caisse, laissant l’espace libre devant la balance, en prononçant une phrase qui revient souvent : «je peux vous toucher avec mes mains pleines de doigts ?» tout en agitant les doigts de manière suggestive et en me poussant dans le coin avec votre ventre jusqu’à ce que je sois coincée.
Je vous ai à chaque fois repoussé et me suis énervée, tandis que vous prétendiez qu’il n’est pas possible de s’amuser avec moi.
Vous m’avez également interrogée sur la fréquence de mes rapports sexuels avec mon ami, tout en me précisant qu’ils étaient rares avec votre femme. Je vous ai répondu que je ne voulais pas entendre ce genre de propos et que je ne répondrais pas à ces questions, vous avez protesté que vous vouliez juste savoir si ce que l’on dit au sujet des noirs et de leur «attribut» est vrai -mon ami est guadeloupéen-.
J’ai aussi été victime de vos insultes, notamment au mois d’avril, lorsque vous avez fait tomber des bonbons au sol en les sortant de leur boîte pour les manger et, comme vous ne vouliez plus les mettre dans votre bouche, vous les avez remis dans les boîtes alors que je m’attendais à ce que vous les jetiez à la poubelle. Je vous ai donc dit que ma conscience professionnelle m’interdisait de cautionner ce genre d’agissements et vous m’avez répondu que j’étais «conne», que je ne comprenais rien et vous êtes, comme de nombreuses autres fois, entré dans une colère noire. Vous êtes resté furieux durant plusieurs minutes et avez finalement quitté la boutique sans un mot.
Quelques jours plus tard, alors que je m’occupais de la réorganisation des étagères, vous vous êtes approché de moi et m’avez regardée d’une manière étrange. Je vous ai demandé ce que vous vouliez et votre réponse m’a horrifiée : vous m’avez dit «tu me suces ma petite ?». J’ai alors crié que vous n’aviez pas à me parler comme ça, que je n’en pouvais déjà plus de vos remarques incessantes et que celle-ci était vraiment la plus affreuse. Vous êtes resté un instant interdit, puis m’avez tout naturellement répondu que vous ne compreniez pas ma réaction, que je n’avais pas d’humour et que pour travailler avec vous il fallait en avoir. Je me suis mise à pleurer et vous vous êtes excusé au bout de plusieurs minutes, me promettant de ne jamais plus recommencer. D’ailleurs, le lendemain matin, vous êtes arrivé dans la boutique au moment où un monsieur m’importunait, il est parti en vous voyant et vous avez répété que de votre côté vous ne diriez plus rien qui puisse me gêner ou me choquer et que vous preniez conscience que ce n’était pas normal, que je devais me faire très souvent embêter et que vous n’en rajouteriez plus de votre côté.
La semaine suivante, je me souviens que nous avons eu une altercation sur un sujet qui nous avait déjà divisés. A l’époque de mon embauche, une autre jeune fille s’était présentée pour ce poste et vous aviez noté sur son cv le terme «noire», c’était la couleur de sa peau. Je vous ai redit que c’était discriminatoire et vous m’avez répondu que j’étais «conne», «débile». J’ai préféré ne pas répondre et suis restée dans mon coin. Ces mêmes termes sont revenus plus tard dans la journée lorsque trois jeunes filles qui ne devaient pas avoir plus de 13 ans sont entrée dans la boutique. Vous les avez regardées comme vous regardez de nombreuses femmes, avec envie. Quand elles sont sorties vous avez dit «que c’est frais et mignon à cet âge-là, je trouve ça très appétissant». Evidemment, je vous ai dit que je ne voulais pas entendre ce genre de commentaires, que déjà cela me gênait quand il s’agissait de femmes plus âgées mais que là ces propos étaient vraiment malsains et déplacés. Vous m’avez de nouveau traitée de «conne». N’en pouvant plus, je suis partie dans le centre commercial une quinzaine de minutes pour me changer les idées. J’étais vraiment mal. A mon retour, vous êtes parti. Vous ne m’avez pas présenté d’excuses au cours de cette journée.
Une autre fois, une de mes amies qui travaille aussi dans le Carrousel et qui est enceinte est venue me saluer. Elle vous a poliment dit bonjour et lorsqu’elle est repartie vous avez dit «hum je me la ferais bien celle-là». Je vous ai répondu que je n’acceptais déjà pas ces réflexions en ma présence lorsqu’il s’agit de personnes que je ne connais pas mais à plus forte raison lorsque c’est mon amie, qu’elle est enceinte et en couple avec un autre ami, un pompier qui exerce ses fonctions également dans le Carrousel et qui prend toujours la peine de vous saluer lorsqu’il vous voit. Vous l’aviez d’ailleurs qualifié de «très sympathique». Je vous ai dit que votre attitude était déplacée et que j’en avais assez, vous m’avez alors une fois de plus traitée de «conne» et envoyée me «faire foutre parce que ce n’est pas parce qu’elle est enceinte de 6 mois qu’elle n’est pas praticable». Vous ne vous êtes pas non plus excusé cette fois-là.
Un autre jour, vous m’avez traitée de snob et êtes parti furieux alors qu’une fois de plus je refusais une de vos nombreuses invitations à déjeuner.
Vous m’avez bien souvent intimé de «fermer ma gueule» et dit bien d’autres phrases de ce genre. Il est évident que je ne peux pas me souvenir de toutes les fois où cela s’est produit.
Mais vous ne vous êtes pas arrêté aux paroles. Un jour de mai 2007, alors que je vous avais aidé à modifier un dessin qui se trouve sur le mur à droite de la caisse puis était entrée dans la réserve pour me laver les mains, vous m’avez tapé sur les fesses avec votre main. Après une seconde d’effarement, je me suis retournée et vous ai crié de ne jamais recommencer, que vous étiez allé trop loin et que je ne pouvais plus supporter ce que vous me faisiez subir. Vous m’avez alors répondu que j’étais «conne», que je ne «comprenais rien» et que je vous «décevais énormément», puisque «vous faisiez ce genre de gestes lorsque vous vous amusiez avec votre s?ur», et que vous n’acceptiez pas que moi je m’en offusque. Je me suis alors effondrée en larmes et enfermée dans la réserve, la porte ne fermait pas à clef mais je vous ai hurlé de ne pas entrer. Je tremblais, je n’arrivais pas à supporter ce qui venait d’arriver, j’avais du mal à respirer et je n’arrivais pas à me calmer. Au bout d’une quinzaine de minutes, je suis sortie, j’ai pris toutes mes affaires et je vous ai dit que je partais et que je refusais de continuer à travailler pour vous dans ces conditions, mais prise d’un mal de ventre violent, je suis retournée dans la réserve et vous m’avez alors proposé de l’argent pour que je reste. Je vous ai répondu que ce que vous étiez en train de faire était aussi immoral que le geste que vous aviez eu, que votre proposition financière après votre geste signifiait que vous pensiez pouvoir acheter le droit de me toucher et que cela s’apparentait à la relation commerciale avec une prostituée. Vous m’avez alors dit que je ne devais pas penser cela et que vous me donniez cet argent pour vous punir vous-même de ce que vous veniez de faire et que ces 100euros, représentaient le seul moyen pour vous de résister à vos «pulsions», vous avez même noté sur l’enveloppe «prime spéciale connerie». Comme je refusais votre argent, vous m’avez expliqué que vous étiez malade et sous traitement à cause d’un traumatisme provoqué par votre père qui vous maltraitait dans votre enfance. Vous m’avez dit ne pas toujours réfléchir et n’avoir pas contrôlé le caractère sexuel de vos propos et de votre geste, comme vous ne contrôliez pas toujours vos insultes et votre méchanceté. Ne voulant pas perdre mon emploi, j’ai fini par accepter vos arguments et votre «prime spéciale» et surtout votre promesse de ne jamais recommencer à me harceler sexuellement et moralement. Promesse que je vous ai fait répéter plusieurs fois. Finalement, vous m’aviez convaincue et j’avais de nouveau confiance mais vous n’avez même pas tenu une semaine et avez recommencé vos remarques humiliantes.
Il faut préciser que les insultes et les vexations de toutes sortes ont commencé dès vos premières remarques à caractère sexuel et ma révolte contre votre attitude. L’ancien responsable étant parti, il n’y avait plus personne hiérarchiquement entre nous, et comme vous me le répétiez de plus en plus, vous étiez le «seul chef» et je ne devais pas me plaindre. Vous répétiez sans cesse que vous étiez «le seul patron dans cette boîte» mais n’admettiez pas que je ne vous reconnaisse pas tous les droits. Pour moi, un patron a aussi des devoirs, comme celui d’assurer des conditions de travail normales et saines à ses employés.
Vous étiez à cette période (au mois de mars lors du départ de Nicolas) très nerveux parce que vous pensiez qu’il avait détourné beaucoup d’argent de la caisse mais il ne voulait pas le reconnaître et vous menaçait de «faire de votre société de la purée» si vous l’attaquiez et vous vous êtes peu à peu montré paranoïaque, ce dont vous conveniez vous-même à certains moments. De fait, il régnait un réel climat de suspicion dans votre société. Lorsque vous comptiez la caisse, environ une fois par semaine, vous ne cessiez de répéter qu’il manquait de l’argent alors qu’il n’y avait pas de fond de caisse fixe, malgré mes nombreuses demandes pour éviter ces scènes. Je vous demandais aussi de faire les comptes tous les soirs, ce qui me semblait logique, mais ça n’a jamais été fait et il a fallu attendre l’arrivée de la nouvelle responsable pour mettre en place ce système élémentaire. Souvent, vous me regardiez bizarrement en me demandant si je n’avais pas fait mon « XX » (du nom de famille de l’ancien responsable, insulte suprême dans votre bouche) mais à chaque fois, j’essayais de vous faire vous souvenir de ce que vous aviez fait de l’argent qui manquait. Et au bout d’un moment vous vous le rappeliez : vous aviez pris de l’argent pour faire une course ou autre. J’ai d’ailleurs était traitée de «conne qui n’y connaît rien» un jour où, après vos regards suspicieux, je vous ai demandé de vous souvenir de ce que vous aviez fait avec l’argent et vous vous êtes enfin souvenu que vous aviez payé une vendeuse qui avait fait un remplacement avec l’argent de la caisse car vous n’aviez pas envie de la déclarer. Je vous ai fait remarquer qu’une fois de plus vous aviez été soupçonneux toute la journée et aviez créé un climat désagréable et que vous pourriez au moins me présenter vos excuses, vous m’avez alors insultée.
C’est à cette période également que vous avez décrété que nous devions arrêter de parler quand un client entrait dans la boutique et que je ne devais pas vous adresser la parole à ce moment-là (???). Or plus d’une fois vous avez eu des attitudes qui étaient tout sauf professionnelles, notamment un jour devant une cliente qui attendait à la caisse pour régler, vous vous êtes mis tout à coup à insulter la patronne de la boutique d’en face (avec qui vous étiez en conflit parce qu’elle avait pris le parti de XX lors de son départ) de «grosse vache» et de «sale pétasse» assez bas pour que cette dernière ne l’entende pas mais assez fort pour que la cliente ouvre de grands yeux et parte choquée, sans même nous dire au-revoir. Je vous ai fait remarquer qu’une fois de plus c’était vous qui ne respectiez pas vos instructions et que j’avais honte que vous ayez eu cette attitude devant cette dame. Cette fois encore, vous m’avez dit que j’étais «conne» et que je devais « me la fermer ».
Comme je refusais toujours vos avances et invitations en tout genre, vous m’avez plusieurs fois répété que vous aviez l’impression qu’on ne se comprenait plus. Et alors qu’auparavant vous me félicitiez pour mon travail, me disant que j’étais une de vos meilleures vendeuses, que vous souhaitiez me garder longtemps au sein de votre société, -vous m’aviez même plusieurs fois affirmé que j’avais les compétences pour devenir responsable de votre boutique-, peu à peu, vous vous êtes montré de moins en moins satisfait par la qualité de mon travail alors qu’objectivement je n’avais rien changé. Avec le recul, je me rends compte que nos relations se sont réellement détériorées à partir du moment où, selon vos propres termes, vous ne pouviez plus vous empêcher de m’embêter.
Aux mois d’avril et mai, vous étiez de plus en plus agressif et trouviez chaque jour quelque chose à redire tel que «vous ne nettoyez pas assez», «au travail on doit en chier», «une bonne vendeuse doit nettoyer de 10 heures à 20heures» etc… Une fois, alors que je n’avais rien à faire, le ménage était fait et il n’y avait personne dans la boutique, je lisais -avec discrétion comme vous m’y aviez autorisée- le journal gratuit que vous m’apportiez vous-même chaque matin, et vous m’avez crié dessus que je n’avais pas le droit de lire dans la boutique, que je n’avais que le droit de m’embêter et de «regarder passer les mouches quand il n’y a personne», et que je devais tout de suite passer la serpillère alors que aspirateur et serpillère se passent à la fin de la journée, selon ce que vous m’avez vous-même appris. De plus le sol à ce moment-là était parfaitement propre. J’ai donc essayé de vous faire comprendre que c’était méchant de me parler comme ça et surtout injustifié, mais vous m’avez répondu que je n’étais qu’une «incapable» et que je n’irais «nulle part dans la vie».
Epuisée moralement, je me suis dis que la seule solution était que je range et nettoie encore plus, et surtout même lorsqu’il n’y avait rien à faire, de manière à ce que ces remarques incessantes s’arrêtent enfin et que mon travail vous satisfasse de nouveau. Et pourtant, bien plus d’une fois, alors que je dépoussiérais les étagères, les boîtes de bonbons etc…, vous vous êtes mis en colère en disant qu’une vendeuse ne doit pas nettoyer mais seulement vendre, que par ma faute nous faisions un mauvais chiffre d’affaires, qu’une fois de plus je faisais mal mon travail…
Nous nous sommes un jour disputés parce que je suis venue travailler alors que je souffrais depuis mon réveil de vertiges. Ces vertiges sont dus à un décrochage de cristaux dans l’oreille et surviennent de temps à autres. Je ne voulais pas vous faire défaut en vous prévenant à la dernière minute, et vous m’en avez exprimé de la reconnaissance mais plus le temps passait, plus je me sentais mal. Vous m’avez alors dit que je faisais du «cinéma» que je n’étais pas vraiment malade. Au fur et à mesure que la journée avançait, j’étais de plus en plus pâle et vous avez vous-même reconnu que ce ne pouvait pas être de la comédie. Vous avez dit que vous aviez eu la même chose et que votre médecin vous avait manipulé pour décoller les cristaux et que vous alliez me faire pareil. Je vous ai dit -pour ne pas vous froisser- que je savais que cela partait d’un bon sentiment, mais que vous n’aviez pas les compétences et que de toute façon la sensation de vertige était telle que je pouvais à peine bouger la tête. Et tout à coup, sans me prévenir, vous êtes passé derrière moi et m’avait agité la tête dans tous les sens. J’ai été prise de vertiges plus violents, me suis cogné la tête sur la caisse. J’ai réussi à aller aux toilettes et j’ai vomi devant vous. Vous m’avez ensuite aidé à me rasseoir et je vous ai alors demandé de me laisser partir parce que j’étais trop mal. Vous m’en avez empêchée. J’ai pleuré car je n’en pouvais plus, ce qui vous a fait rire et vous avez recommencé à dire que c’était «du cinéma». Vous êtes parti vers 16heures parce que vous alliez en week-end et m’avez laissée seule, précisant que je ne devais pas partir, alors que j’étais très mal. Plus tard, je vous ai informé, par téléphone, que j’allais fermer à 19 heures au lieu de 20 heures ; je ne vous ai pas laissé le choix et suis rentrée en taxi à 19 heures, il m’était impossible de prendre les transports en commun. J’ai très mal vécu cette situation et particulièrement la méchanceté et la moquerie dont vous avez fait preuve à mon égard.
Vous m’interdisiez également de prendre une pause dans la journée, mes heures de travail étant de plus en plus pénibles du fait que vous étiez presque toujours dans la boutique à me critiquer ou encore à me faire des réflexions d’ordre sexuel, parce que vous n’arriviez pas à vous en empêcher, malgré toutes mes protestations. De plus, passer 10 heures de suite enfermée en sous-sol (une quinzaine de mètres en-dessous de la surface), sans lumière naturelle et avec parfois les odeurs des gaz d’échappement de la rue, surtout en été, et la chaleur excessive dès le mois d’avril -malgré la climatisation de plus en plus inefficace- c’est vraiment très pénible. J’ai demandé à prendre une pause, ne serait-ce qu’à midi pour aller à la surface m’aérer mais vous avez toujours refusé au motif que mon contrat mentionnait 10 heures de travail sans pause.
Or, le jour de mon entretien d’embauche,N, mon ancien responsable, m’a dit que je pourrais prendre une pause mais que toutes les autres vendeuses (nous étions quatre à l’époque) n’en prenaient pas et que c’était mieux pour ne pas fermer la boutique parce que vous n’aimiez pas cela et que, de toute façon, vous n’aviez pas envie de remplacer vos vendeuses pendant la pause. Il a insisté sur ce point et j’ai donc dit que si j’étais embauchée, je ne prendrais pas de pause. Il me semblait que c’était une des conditions de mon embauche, même s’il ne l’avait pas dit clairement, et je voulais mettre toutes les chances de mon côté. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir quelques temps après que Marie, une autre vendeuse, prenait une pause depuis son embauche et que ce fait m’avait été caché. Je vous l’ai fait remarquer plus d’une fois mais vous répondiez toujours «qu’un contrat est un contrat», même lorsque je vous disais que mes conditions de travail en sous-sol, sans lumière naturelle, éclairée seulement par les néons, et dans un climat très tendu étaient difficilement supportables. Parfois, vous m’accordiez 5 minutes, mais cela était rare et seulement si j’avais vraiment beaucoup insisté.
Mes conditions de travail se sont encore dégradées lorsqu’au début de l’été, la climatisation est tombée en panne. Vous avez refusé de faire réparer, par économie, et nous nous sommes à de nombreuses reprises disputés pour cela. C’était un élément de plus dans la détérioration de mes conditions de travail car la chaleur était insoutenable. Il faisait au moins 30°C et certains clients me demandaient comment je pouvais tenir. Vous n’avez rien fait ni même montré le moindre signe d’inquiétude pour moi. En revanche, vous étiez furieux que vos chocolats puissent fondre. Quand je m’offusquais de passer bien après la marchandise, vous vous contentiez de dire que je n’étais qu’une «petite nature», je «n’étais pas faite pour le monde du travail », je n’étais qu’ «une emmerdeuse», «une chieuse toujours prête à rouspéter et à chercher le conflit», «si je n’était pas contente je me cassais»… et autres formules du genre.
Lorsque V, la nouvelle responsable, a pris ses fonctions dans la société au mois de juin, j’ai eu droit à un quart d’heure de pause et certaines fois une demi-heure. Mais vous ne me la donniez pas toujours lorsqu’elle n’était pas là. Je n’ai eu une vraie pause d’une heure qu’à partir du mois de septembre. V a également insisté auprès de vous pour que vous achetiez un ventilateur, ce que vous avez fait mais vous avez-vous-même reconnu qu’il était inefficace et avez pris la peine de transférer les boîtes de chocolat dans votre nouvelle boutique car ils continuaient de fondre. Parfois, je sortais devant la boutique car les couloirs du centre sont plus frais. Vous avez acheté un deuxième ventilateur plus puissant pour remplacer l’ancien mais la température n’a baissé qu’à peine et vous avez gardé les chocolats dans l’autre boutique, à l’abri de la chaleur excessive !
Lorsque vous reconnaissiez que vous me traitiez mal, vous disiez que grâce à V, vous ne seriez bientôt plus aussi stressé par l’ouverture de votre nouvelle boutique. Les soucis que cela vous créait, expliquaient, selon vous, les mauvais traitements dont je faisais l’objet, et que vous seriez de nouveau plus gentil et respectueux. J’espérais, mais les choses n’ont pas changé.
Lorsque vous avez embauché V, vous m’avez clairement expliqué, et ce plus d’une fois, que vous lui donniez ce poste pour qu’elle vous aide dans l’ouverture de votre nouvelle boutique, qu’elle serait ma nouvelle responsable mais surtout que vous attendiez d’elle qu’elle vous aide à mieux vous comporter à mon égard. Vous m’avez même dit une fois qu’elle vous remettrait «dans le droit chemin». Lors de nos discussions à ce sujet, avant qu’elle n’intègre votre société, vous m’avez clairement fait comprendre que mes conditions de travail s’amélioreraient grâce à son soutien pour l’ouverture de la boutique qui vous stressait énormément et qu’elle jouerait le rôle de «tampon» entre nous, que tout passerait par elle et que vous étiez sûr qu’elle vous aiderait à vous comporter comme un patron, que vous seriez droit et juste. Fini la méchanceté, les brimades, les remarques désobligeantes et les réflexions à caractère sexuel. J’ai d’ailleurs fait part à V lors de son arrivée dans la société des nombreux problèmes que nous avions eus, et notamment de ces réflexions qui m’offensent. Vous m’avez dit qu’elle vous en a parlé plusieurs fois et bien-sûr demandé d’arrêter. Elle vous a d’ailleurs dit de ne plus rester seul avec moi dans la boutique car vous étiez trop «familier» à mon égard, ce qui me semble être un euphémisme au vu de ce que j’ai subi.
Mais lorsque V s’est absentée plusieurs semaines, fin juin début juillet, pour un voyage en Russie, de nouveaux incidents ont eu lieu. Vous avez par exemple refusé d’ouvrir la deuxième porte pour créer un courant d’air et refroidir la boutique, alors que la chaleur était insupportable, au motif que vous aviez peur des vols, la boutique étant plus difficile à surveiller quand les deux portes vitrées sont ouvertes, et que, de toute façon, j’étais «une emmerdeuse qui en demande toujours trop et que ce n’était pas la peine de demander plus tard à V par derrière et que vous en aviez marre de mon attitude, etc.» Vous étiez en permanence sur les nerfs, à cran. Les remarques humiliantes étaient incessantes et votre comportement réellement malsain.
De plus, toujours en l’absence de V, le 20 juin au matin, je me sentais mal, j’étais assez fatiguée parce que, stressée par votre comportement, je dormais de plus en plus mal. Je me sentais vraiment mal lorsque vous êtes arrivé à la boutique. Je vous ai fait part de mon état et vous avez tout de suite commencé à rire en disant que j’étais une «comédienne» et qu’il fallait que j’arrête de me plaindre et que je continue à travailler normalement. Il faisait très chaud et vous étiez de plus en plus méchant. Je me suis mise à pleurer puis me suis réfugiée dans la boutique d’en face aux côtés de la vendeuse, avec qui j’entretiens de très bonnes relations. Je lui ai raconté ce qui se passait. Elle m’a soutenue et m’a permis de rester assise quelques minutes avec elle parce que je n’en pouvais plus. Vous êtes alors arrivé en répétant que je n’étais qu’une comédienne devant la vendeuse qui m’a défendue en essayant de vous expliquer que j’étais vraiment mal et que je n’étais plus en état de travailler, d’autant plus que vous étiez désagréable et que votre comportement ne faisait qu’aggraver mon malaise. Vous avez alors décrété que vous en aviez marre de moi et que je devais revenir dans votre boutique. Vous avez commencé à me soulever et j’ai dit en pleurant que si je me levais mes jambes n’allaient pas pouvoir me porter et que je sentais que j’allais m’évanouir. Vous avez quand-même tenu à me déplacer au moins sur la chaise d’en face, je ne sais plus quelle raison vous avez évoquée parce que j’étais trop mal et c’est alors que je me suis évanouie. Les pompiers sont arrivés avant que je reprenne connaissance puis j’ai été transportée à l’hôpital.
Lorsque j’ai repris le travail, vous êtes devenu encore plus désagréable et moqueur, me traitant de «petite nature» et notamment devant les clients. Le 25 juin, après avoir été désobligeant toute la matinée vous êtes allé déjeuner. Je vous ai prévenu que je recommençais à me sentir mal, qu’en plus il faisait beaucoup trop chaud, mais vous avez ri et êtes parti manger avec votre famille. Je me suis de nouveau évanouie peu après votre départ en présence de la responsable de la boutique d’en face ainsi que d’un agent de sécurité qui m’a aidée en attendant l’arrivée des pompiers. J’ai été une nouvelle fois emmenée à l’hôpital, où j’ai subi des examens plus poussés qui n’ont rien révélé de particulier. Mais le médecin, après le récit de mes conditions de travail, en a déduit que tout cela été lié au stress dû à votre comportement, à la forte chaleur, au manque de pause et de moyen de prendre l’air.
Je vous l’ai expliqué quand je suis revenue, vous avez-vous-même reconnu que ça devait être le stress mais vous vous êtes tout de même empressé de préciser que je n’étais «qu’une petite nature», que j’étais «faible» et que je ne ferais pas «long feu dans votre entreprise». Epuisée, à tout point de vue, par cette situation, j’ai consulté mon médecin qui m’a prescrit un arrêt de travail d’une semaine, jusqu’au retour de V.
Je mettais beaucoup d’espoir dans son retour mais force est de constater que la situation ne s’est pas améliorée, même si parfois elle vous a repris lorsque vous agissiez mal. Je considère que les conditions dans lesquelles je travaille ne sont toujours pas normales.
En effet, lorsque V est rentrée de Russie, elle a appris que j’étais en arrêt maladie et m’a donc appelée pour savoir ce qu’il en était. Je lui ai expliqué que je n’arrivais plus à tenir et pourquoi, elle m’a souhaité un bon rétablissement. Je suis revenue à la fin de mon arrêt et V a tenu à avoir une discussion avec moi. Nous nous sommes donc isolées dans la galerie marchande puisque vous étiez dans la boutique et je lui ai raconté tout ce qui s’était passé, les malaises, mais aussi vos réflexions incessantes, vos colères et vos humiliations qui n’avaient fait qu’empirer durant son absence. Elle m’a écoutée attentivement et a fait preuve de beaucoup de gentillesse, me prenant dans ses bras et me disant qu’elle allait faire son possible pour que ça change et que par ailleurs elle ne comprenait pas votre attitude puisque vous lui aviez dit que vous étiez inquiet pour ma santé. Elle a tenté de me rassurer, m’a dit que ce n’était également pas facile pour elle de travailler avec vous parce que vous vous comportiez comme un «gamin irresponsable», qu’il était clair que vous aviez des «problèmes», qu’elle ferait le nécessaire pour que cela change et que vous soyez le moins possible à mon contact mais que, bien entendu, vous restiez son patron et qu’elle ne pouvait se permettre d’être trop dure avec vous et qu’elle ne pouvait pas non plus vous dire tout ce qu’elle voulait. Je lui étais très reconnaissante de cette discussion et du fait qu’elle m’apporte son soutien mais la situation ne s’est pas améliorée pour autant.
Effectivement, parmi nos nombreuses disputes qui ont eu lieu au mois de juillet malgré la présence de V (elle était très prise par l’ouverture de la nouvelle boutique), je me souviens d’une fois où vous étiez désagréable avec moi depuis le début de la journée, sans raison, comme d’habitude. Vous étiez depuis plusieurs minutes dans l’autre boutique à surveiller l’avancement des travaux et vous êtes revenu dans celle où je travaille. Vous aviez à peine franchi le seuil que vous m’avez grondée parce que vous estimiez que je ne vous avais pas assez remercié pour l’achat du ventilateur. Je vous ai donc remercié encore une fois, (je l’avais déjà fait à l’instant où vous l’aviez apporté dans la boutique, même si je trouvais ça normal). Mais je voulais être agréable et ne pas déclencher une énième dispute. Je me suis cependant permis de vous faire remarquer, poliment et sans agressivité, que c’était quand-même normal d’acheter ce ventilateur. Vous avez alors hurlé que je passais ma vie à vous «agresser moralement et peut-être même un jour physiquement» (???), que de toute façon je vous avais «trahi». J’avais décidé de vous laisser hurler sans intervenir ni me défendre dans l’espoir que vous finiriez par vous calmer, et parce que j’étais vraiment épuisée de tous ces cris mais le fait que vous parliez d’une «trahison» m’a révoltée. Je vous ai donc demandé de quoi vous parliez, que je subissais sans cesse votre comportement et que je ne comprenais pas ces propos et là, vous avez hurlé, vous m’avez insultée. J’étais effrayée par votre fureur, j’ai voulu sortir de la boutique mais vous m’avez retenue par le bras. J’ai voulu appeler V qui était dans l’autre boutique pour qu’elle intervienne, comme elle m’avait dit qu’elle le ferait, mais vous m’avez arraché le téléphone des mains en disant que «je n’allais pas encore foutre la merde et que de toute façon elle finirait bien par me détester comme vous me détestiez déjà et que je finirais par dégager de la boutique une bonne fois pour toutes». J’ai alors hurlé plus fort que vous, je ne sais pas comment j’ai fait mais c’était vraiment fort, j’ai repris le téléphone de vos mains, vous êtes resté stupéfait et j’ai appelé V et expliqué la situation, ainsi que le fait que vous m’interdisiez de quitter la boutique et elle m’a dit qu’elle arrivait tout de suite. Je suis restée sur le seuil en l’attendant et voyant que vous ne disiez plus rien et que vous aviez le regard dans le vague, j’en ai profité pour partir à sa rencontre. J’étais en larmes, (d’ailleurs je ne compte plus les fois où j’ai pleuré sur mon lieu de travail par votre faute) elle m’a prise dans ses bras, je lui ai expliqué en détails et elle m’a emmenée dans l’autre boutique. Elle m’a dit de rester là et elle est partie vous voir. Je ne sais pas ce qui s’est passé mais lorsque je suis revenue environ 20 minutes après car il était bientôt l’heure que je parte (20 heures), je vous ai vu allongé par terre en train de geindre en disant à V que «vous alliez être jeté en prison parce que votre nouvelle boutique n’allait pas marcher etc…» Vous avez fini par vous excuser, mais une fois de plus, le mal était fait.
Ainsi, malgré le soutien de V, je ne peux pas dire qu’il y a eu une amélioration de votre comportement. Mon état de santé s’est encore dégradé, la pression sur mon lieu de travail devenant insupportable. J’étais de plus en plus mal, j’avais des douleurs au cou, aux épaules et dans le dos dès que j’étais au travail. Je finissais toujours mes journées de travail épuisée physiquement et moralement. Le soir, au moment de dormir je repensais à tout ce que vous aviez fait ou dit dans la journée et je pleurais, je n’arrivais pas à dormir. J’étais obligée de prendre des somnifères pour trouver le sommeil et quand il venait enfin, mes nuits étaient remplies de cauchemars. C’était de plus en plus dur de me lever le matin pour aller travailler. Heureusement que mon ami me soutenait parce j’étais vraiment désespérée et même mes jours de repos ne m’apportaient plus aucun réconfort, je ne voulais plus sortir. J’avais tous les après-midi de travail des migraines, je vous en faisais souvent part mais comme vos réactions étaient toujours de la moquerie et parfois des insultes, j’ai fini par ne plus rien dire. Je le disais parfois à V, je lui parlais du stress, de la chaleur, des maux de tête etc .., elle se voulait rassurante mais je crois qu’elle ne se rendait pas compte de la gravité de votre comportement. Je savais qu’elle était obligée de se charger presque de tout pour la nouvelle boutique, qu’elle n’avait que très peu de repos, qu’elle était surmenée et épuisée et quand je me plaignais, elle me disait qu’elle était encore plus épuisée que moi par tout ce travail et cette pression. Je ne voulais pas perdre son soutien, elle était la seule à pouvoir m’aider, et c’est pourquoi j’essayais de ne plus me plaindre et de faire mon travail aussi normalement que mon état physique et mental me le permettait pour qu’elle continue à me considérer comme la meilleure vendeuse et me soutenir devant vous.
Je gardais espoir parce que j’allais avoir des vacances du 28 juillet au 8 septembre, et je me donnais du courage en me disant que j’allais penser à autre chose, me détendre, que je me rétablirais au moins sur le plan physique, et qu’avec de la chance, à mon retour, la nouvelle boutique marcherait bien, vous seriez moins agressif, et surtout dans l’autre boutique, que nous nous verrions que très peu et que vous vous comporteriez correctement. Mes quinze premiers jours de vacances ont été très durs, je pensais constamment à tout ce que vous m’aviez fait subir, les cauchemars continuaient et mon état physique ne s’était que très peu amélioré. Puis je me suis peu à peu détendue et ai profité de mes vacances, même si plus le jour du retour approchait, plus je recommençais à angoisser. J’ai quand même trouvé la force de revenir travailler, avec comme toujours l’espoir, mais de plus en plus faible, que la situation allait s’arranger. Les trois premiers jours, vous étiez en vacances, je n’avais donc pas à supporter vos remarques mais je me suis rendu compte que malgré votre absence, j’avais développé une réelle anxiété à venir travailler dans cette boutique. Les migraines ont recommencé, de toute façon la chaleur était telle que j’étais toujours étourdie en sortant du travail. Le premier soir, en attendant mon métro, je me suis sentie très mal et proche de l’évanouissement, je me suis assise et ai laissé passer plusieurs métros en attendant d’être capable de rentrer chez moi. La journée du lendemain s’est déroulée sur le même modèle.
Puis vous êtes rentré et nous nous sommes revus le week-end d’après. Vous étiez là depuis quelques minutes lorsque vous vous êtes énervés en me disant que vous étiez trop «laxiste» auparavant et que je vous parlais mal. Je vous ai dit que c’était faux, que je ne faisais que me défendre quand vous m’humiliez et vous m’avez alors dit de « la fermer » et de ne plus vous parler. Je suis partie plus loin à côté d’A, le monsieur qui nettoie les carreaux. Il m’a demandé ce que j’avais, je lui ai dit, puis il a essayé de me détendre en me faisant rire. Plus tard dans la journée, vous avez recommencé avec vos remarques à caractère sexuel. Je vous ai dit que j’avais désormais droit à une pause d’une heure et vous ai demandé si c’était vous qui vous chargiez de mon remplacement, vous m’avez dit que je mentais au sujet de ma pause. Vous avez appelé V qui vous a confirmé que j’y avais droit et que c’était une autre vendeuse qui me remplaçait. Vous m’avez alors dit que vous vouliez qu’ «on mange ensemble ou qu’on sorte ensemble ce soir», je vous ai dit d’arrêter et que vous n’alliez pas déjà recommencer. Vous êtes parti énervé, en prétendant que je «n’avais pas changé» et que j’étais toujours aussi «désagréable».Lorsque vous êtes revenu après votre déjeuner, vous avez recommencé en me disant «déshabillez-vous» en vous collant à moi en rigolant. Je vous ai repoussé et vous vous êtes de nouveau énervé.
Le lundi dans l’après midi, je me suis plainte à V de maux de tête insupportables. Elle m’a donné du Doliprane mais m’a demandé de nettoyer les boîtes que j’avais dépoussiérées le matin-même, et la balance qu’elle trouvait poussiéreuse. Je l’ai fait, sans comprendre sa réaction. Elle s’est aussi énervée parce qu’il y avait un carton sous la caisse que je n’avais pas vidé. En effet il était déjà là quand je suis revenue de mes quatre jours de repos et je pensais que vous, ou V, aviez demandé à A de le laisser là. Quoi qu’il en soit, je n’avais reçu aucune instruction au sujet de ce carton et une fois encore je ne comprenais pas cette remarque. Elle m’a dit qu’il y avait des sacs au fond et que je devais être plus «curieuse» et que c’était «n’importe quoi». Puis, alors que le médicament ne faisait toujours pas effet, que j’étais toujours aussi mal et que j’avais l’impression que j’allais m’évanouir, et que vous cherchiez des papiers pour mettre à jour le cahier de contrôle de sécurité incendie, vous avez ouvert un tiroir qui reste toujours fermé parce qu’il est difficilement accessible. V a dit que le tiroir était immonde -ce qui était vrai puisque vous aviez dit qu’il n’avait pas été nettoyé «depuis l’ouverture de la boutique il y a 13 ans»- et que c’était «dommage que ça tombe au moment où j’avais mal à la tête mais que je devais tout trier et enlever la poussière». J’ai demandé si c’était vraiment nécessaire de le faire immédiatement (tout ce bazar et cette saleté ayant attendu 13 ans sans que personne ne s’en plaigne) mais la réponse a été «oui» et qu’«apparemment le travail ne me réussissait pas». Je n’ai rien dit .Je l’ai fait. Vous êtes revenu seul un peu plus tard et avez constaté que j’avais nettoyé. Vous avez noté que le montant des ventes de la journée était très médiocre (c’était le cas même avant que je ne revienne de vacances, cela m’avait été confirmé par V et l’autre vendeuse), et dit que c’était ma faute parce que je n’étais pas assez souriante. Je vous ai fait remarquer qu’il m’était difficile d’être bien, que, malgré le Doliprane, mon mal de tête ne passait pas à cause de cette chaleur et de l’ambiance très tendue et que je trouvais injuste d’être obligée de faire des choses qui n’avaient rien d’urgent. Vous avez rigolé. Puis je vous ai informé que j’avais apporté un thermomètre et qu’il faisait 28 °C, ce que vous avez vérifié. Je vous ai dit que je pensais que ce n’était pas des conditions de travail normales et que je n’étais pas sûre que ce soit légal. Vous avez ri encore plus fort en disant que j’étais «une emmerdeuse» et que bien-sûr c’était autorisé, que le travail n’était pas «une partie de plaisir». Je vous ai dit que vous reconnaissiez vous-même qu’il faisait trop chaud puisque vous aviez déplacé les chocolats. Je vous ai demandé ce que vous comptiez faire pour améliorer la situation. Vous m’avez dit que je n’avais qu’à ouvrir la porte, je vous ai fait remarquer que vous me l’aviez interdit au mois de juillet. Vous m’avez traitée de «menteuse» avant de reconnaître vos propos puis vous avez recommencé à vous énerver et à dire que «d’autres vendeuses supportaient ces conditions» et que «d’autres encore seraient ravies de prendre ma place» et que «je n’avais qu’à me casser si je n’étais pas contente» et vous êtes reparti dans l’autre boutique en concluant par «qu’est ce que vous foutez encore là, cassez vous». V est arrivée plus tard et voyant que j’avais toujours mal à la tête, m’a répété que «le travail ne me réussissait pas». Je n’étais pas d’accord et lui ai dit que c’était les conditions de travail actuelles qui ne me réussissaient pas, que mes anciens employeurs avaient toujours été satisfaits de moi et qu’au début ici aussi tout se passait bien et dans une relation de confiance. Elle m’a répondu que «la seule solution était que mon ami trouve un travail qui rapporte beaucoup et que je reste à la maison». J’étais choquée ! J’ai alors réalisé que j’avais perdu son soutien, même si je ne comprenais pas pourquoi. J’ai aussi compris que vous ne changeriez jamais et que la situation ne pourrait pas s’améliorer. Je n’ai même pas répété à V les reproches que vous aviez recommencé à me faire dès votre retour puisque qu’il paraissait évident que la relation que nous entretenions, elle et moi, s’était dégradée. Je m’en étais rendu compte dès la semaine précédente, avec l’incident de la caisse. En effet le lundi précédent, au moment de compter la caisse, V s’est aperçue qu’il manquait 12 euros. Comme elle n’avait pas compté après le dernier jour de travail d’A, je lui ai dit que je pensais qu’elle avait dû faire une erreur parce que j’étais certaine de ne pas en avoir fait, il y avait trop peu de clients pour que je me trompe, et que la seule autre possibilité était que j’avais encaissé un paiement en carte bleue en tapant sur la touche « espèces » mais nous avons vérifié et les tickets de cartes bleues correspondaient. J’étais donc certaine que ce n’était pas moi. V a été très désagréable, j’avais beau m’expliquer, elle était très fâchée et m’a dit qu’elle ne pouvait rien dire parce qu’il y avait eu A mais que la prochaine fois serait la dernière. Puis elle s’est fâchée parce qu’un ticket de compte rendu de cartes bleues, qu’on arrache le matin en arrivant puisqu’il sort de l’appareil pendant la nuit, était toujours dans la caisse mais je lui ai dit qu’il était déjà là à mon retour de vacances, ce que je lui ai prouvé avec la date sur le ticket et que, pour ma part, j’enlevais toujours les miens et que je pensais qu’il avait été placé là pour une bonne raison. Elle m’a encore fait des reproches puis est partie. Je n’ai pas compris son attitude très manifestement hostile à mon égard. La semaine suivante, vous m’avez informé que V avait retrouvé les 12 euros dans la caisse de l’autre boutique et qu’elle viendrait s’excuser d’avoir été si désagréable. J’étais contente qu’une fois encore l’argent soit retrouvé mais quand elle m’en a parlé, elle a seulement dit qu’elle ne savait pas comment ils étaient arrivés là, mais rien sur le fait qu’elle avait été désagréable et soupçonneuse.
Par ailleurs, je demandais une attestation de salaire et cela déjà avant mes congés. Je devais fournir cette attestation à la Sécurité Sociale pour percevoir les indemnités journalières de mon premier arrêt maladie. Au retour des vacances je ne l’avais toujours pas et elle m’a dit qu’elle l’avait peut-être, qu’elle chercherait quand elle aurait le temps et demanderait au comptable s’il l’avait faite et, le cas échéant, de la faire. Le lundi d’après, soit le 17 septembre, plus de 2 mois après mon arrêt, je lui ai redemandé et elle m’a dit qu’elle n’avait pas cherché ni appelé le comptable parce que c’était le week-end les deux jours précédents (mais je lui avais demandé une semaine auparavant). Devant sa désinvolture manifeste, j’ai préféré attendre encore sans rien dire parce que je n?en pouvais plus des tensions et que j’avais du mal à comprendre son ton sec et le fait que je ne pouvais plus compter sur elle.
Durant mon dernier jour de travail, le lundi 17 septembre, j’ai réalisé que la seule solution était que je trouve enfin le courage de raconter ce que vous m’avez fait subir et de quitter votre société. Avant, je vous croyais quand vous disiez que vous alliez vous calmer et me traiter normalement, puis j’ai repris espoir avec Victoria, alors que cette situation me faisait de plus en plus de mal et que je savais qu’en quittant ce travail j’aurais trop peur d’en chercher un autre, je ne m’en sentais pas la force morale à cause de tout ce que j’avais vécu ici. Je m’accrochais et essayais de tenir malgré tout. Mais j’ai fini par me rendre à l’évidence. Vous me l’avez dit plusieurs fois, vous êtes malade et sous traitement à cause du comportement de votre père dans votre enfance. Votre besoin « d’affection » dû, selon vous, à ce problème, au fait que vous n’aimez pas votre femme, que je suis votre vendeuse préférée physiquement et que vous ne pouvez pas vous empêcher de me harceler ne sont pas des justifications acceptables, aucune ne le serait d’ailleurs. Vos paroles et vos comportements me sont insupportables et je trouve cela d’autant plus grave que vous êtes mon supérieur hiérarchique et que vous avez très largement l’âge d’être mon père.
Je savais que cela serait difficile et éprouvant de devoir tout raconter mais j’ai décidé de dénoncer vos agissements à l’inspection du travail, ma santé et mon équilibre mental étant en jeu. J’ai donc pris contact dès mon premier jour de repos, le mardi 18 septembre. J’ai obtenu un rendez-vous le vendredi suivant et j’ai pu parler avec une inspectrice qui m’a aidée et orientée dans mes démarches. En lui racontant tout ce que vous m’aviez fait, j’ai été confortée dans le fait que je ne pouvais plus travailler pour vous. Sur ses conseils, j’ai consulté mon médecin qui m’a prescrit un arrêt de travail car j’étais arrivée à la limite de ce que je pouvais supporter et qu’en attendant mon licenciement et la lettre que je devais vous faire pour le justifier, je n’étais plus en état de travailler. C’est aussi sur les conseils de l’inspectrice du travail que je vous adresse cette lettre très détaillée.
J’ai immédiatement appelé Victoria pour lui faire part de mon arrêt de travail. Elle m’a demandé de quelle maladie je souffrais avec un ton ironique. Je lui ai dit que mon état de santé justifiait cet arrêt selon mon médecin, puisque je ne suis légalement pas tenue de dire de quoi je souffre à mes supérieurs. Elle m’a alors demandé quand est-ce-que j’allais enfin démissionner. Je lui ai demandé la raison de ces propos et elle a dit que c’était à cause de mes absences répétées. Je lui ai dit que mes deux arrêts avaient été médicalement justifiés et je trouvais sa remarque déplacée. Je lui ai également demandé une nouvelle fois mon attestation de salaire, que je souhaitais recevoir à mon domicile par courrier, ce qui a enfin été fait.
C’est cette dernière remarque sur ma démission qui me laisse penser que le changement de comportement de Victoria est surement dû au fait que vous souhaitez tous les deux ma démission. C’est la seule explication possible parce qu’avant Victoria était très gentille avec moi et je l’appréciais beaucoup. Je pense que vous êtes tous les deux de plus en plus conscients qu’il n’y a pas d’amélioration possible de votre comportement malsain et que la solution est de m’évincer en étant désagréables, vous comme d’habitude, mais désormais Victoria également. Je suis convaincue que vous avez conscience de la gravité de votre comportement envers moi.
En conséquence, il m’est légitime d’estimer que le contrat de travail qui nous lie est rompu de votre fait, les conditions de travail qui me sont réservées au sein de votre société ne sont pas des conditions normales d’un contrat de travail (articles L122-46 et L122-48 du Code du Travail). J’exige donc mon licenciement et me réserve le droit de faire apprécier la rupture du contrat devant le Conseil des Prud’hommes ainsi que la possibilité de porter plainte sur le plan pénal, concernant les faits de harcèlement sexuel dont j’ai fait l’objet de votre part (article 222-33 du Code Pénal).
Je souhaite qu’un jour, vous vous rendiez compte du mal que vous m’avez fait.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
Mme X