« Mais on doit être sérieux »

Nous avions déjà évoqué notre difficulté à travailler en collaboration avec certains avocats le 15 décembre dernier : Avocat. La conversation téléphonique que nous avons récemment eue avec l’un d’entre eux est assez révélatrice du refus de certains avocats d’entendre des suggestions de l’association.

Nous accompagnons, depuis plus de six mois, une femme victime de harcèlement sexuel par son supérieur hiérarchique et qui a utilisé le harcèlement moral en représailles. Son avocat devait plaider devant le Conseil de Prud’hommes pour faire reconnaître l’illégalité de son licenciement pour faute grave, licenciement intervenu après qu’elle ait informé la direction des agissements de son supérieur.

Après avoir lu les conclusions de son avocat (dans lesquelles nous avons entièrement reconnu le rappel des faits contenu dans la lettre que nous avions adressée au procureur de la République afin de soutenir la plainte de sa cliente), nous lui avons téléphoné. Voici un extrait de ce bref échange :
– (…) « J’aurais une dernière question : lundi, vous plaiderez sur le harcèlement moral ou le harcèlement sexuel ? »

 « Le harcèlement moral ».

 « Mais le harcèlement moral n’est que la conséquence du harcèlement sexuel. S’il n’y avait pas eu de harcèlement sexuel, il n’y aurait pas eu de harcèlement moral ».

 « Je suis d’accord avec vous. C’est aussi mon analyse des faits mais on doit être sérieux »
.

Voilà comment des avocats, peu à l’aise, ni formés aux violences sexuelles, préfèrent mettre en avant le harcèlement moral en niant, de ce fait, le harcèlement sexuel dont a été victime leur cliente. Et au détriment de cette dernière, puisqu’occulter le harcèlement sexuel privera les conseillers prud’hommes d’un élément essentiel de compréhension du dossier. En outre, le préjudice lié au harcèlement sexuel en tant que tel ne sera pas indemnisé.

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