Mariama Diane Diallo, 28 ans, guinéenne, ex-femme de chambre au Park Hyatt Paris Vendôme, agressée sexuellement par un client de l’hôtel proche de la famille souveraine Qatari : les éléments dont nous disposons

Mariama Diane Diallo a saisi l’AVFT via son accueil téléphonique le 21 décembre 2010. L’AVFT, de compétence nationale, est en effet la seule association française spécialisée dans la lutte contre les violences sexuelles au travail et qui agit depuis 26 ans aux côtés des victimes, principalement dans le cadre de procédures judiciaires. Mariama Diane Diallo est l’une des 350 femmes qui bénéficient actuellement d’une intervention de l’association, parmi elles nombreuses sont celles qui travaillent dans le secteur de l’hôtellerie-restauration.

Lors de ce premier appel téléphonique, elle a relaté l’agression sexuelle dont elle a été victime alors qu’elle préparait une chambre de cet hôtel. Nous avons consigné dans une « fiche premier appel » ses déclarations. Lors de cet appel, l’arrêt-maladie qui avait été prescrit à Mariama Diane Diallo après une profonde dépression et deux tentatives de suicide venait de prendre fin.

Mariama Diane Diallo nous a ensuite adressé un dossier comprenant notamment :

  • Une page de récit écrit relatant l’agression sexuelle et ses conséquences en termes de santé et d’emploi ;
  • Une copie du procès-verbal de la plainte déposée le mardi 27 juillet, soit le lendemain de l’agression, au commissariat du deuxième arrondissement de Paris;
  • Une lettre datée du 28 juillet sur papier en-tête Park Hyatt Paris-Vendôme, signée par les « Director of rooms » , « Director of security » de l’hôtel ainsi que par « Atio Al-Dosari », par laquelle les signataires confirment que M. GS, l’agresseur, « n’est plus admissible dans les propriétés Hyatt en France » et que « le Park Hyatt Paris-Vendôme ne peut tolérer aucune forme d’irrespect à l’encontre de son « staff » et prend acte de la décision immédiate prise par Mr Al Thani dans le but de garantir qu’un tel événement ne se reproduira pas » . La réalité de l’agression sexuelle dont Mariama Diane Diallo a été victime n’est pas en question dès lors qu’elle a été reconnue – avec un vocabulaire qui certes la minimise : « incident », « disrespect », « event » – par l’hôtel et la délégation Qatari.
  • Un dossier médical attestant d’une symptomatologie post-traumatique et de deux « ingestions médicamenteuses volontaires ».
  • Un télégramme de son employeur, la Française de Services, prestataire du Park Hyatt Paris-Vendôme, daté du 23 septembre 2010, par lequel il « confirme sa mutation » sur un autre hôtel, mutation qui n’a pas été sollicitée ni acceptée par Diane Diallo, estimant à juste titre que cela n’était pas à elle, la victime, d’être écartée du Park Hyatt Paris-Vendôme.
  • Une attestation de travail de la Française de Services datée du 18 janvier 2011 dans laquelle il est écrit : « Nous avons toujours été très satisfaits du travail de Mlle Diallo, à qui nous avons confié à de nombreuses reprises la formation des femmes de chambre. Mlle Diallo a toujours fait preuve de volonté et de dévouement, et d’un professionnalisme apprécié au sein de son équipe et de la direction ».
  • Deux jours plus tard (20 janvier 2011), une lettre de licenciement de Mariama Diane Diallo par la Française de Services pour « faute grave, sans indemnités ni préavis », au motif du « refus de mutation ».

Depuis le 16 mai, l’AVFT est quotidiennement sollicitée par des journalistes qui cherchent notamment à interviewer des victimes. Mariama Diane Diallo a dans un premier temps accepté de témoigner sous couvert d’anonymat (Libération, BFM TV), dans la semaine du 30 mai, puis France 3 IDF le 10 juin. Elle a découvert, en visionnant le sujet diffusé par France 3, que son visage n’avait pas été flouté et que son nom n’avait pas été changé. Dans ces conditions, bien qu’elle ne l’ai initialement pas souhaité, Mariama Diane Diallo a décidé de ne plus dissimuler son identité.
Nous apprenons par une dépêche AFP du 11 juin que « l’enquête été classée sans suite dans un premier temps, la plaignante ne répondant plus aux convocations de la police ». Mariama Diallo précise que postérieurement à sa plainte, elle a reçu un appel du commissariat lui demandant de venir immédiatement pour une confrontation avec une représentante de l’hôtel Hyatt. Après que Mariama Diane Diallo a indiqué qu’elle n’avait pas été convoquée et n’était pas immédiatement disponible, elle a été informée qu’elle serait recontactée ultérieurement. Mariama Diane Diallo a été reconvoquée pour ladite confrontation, mais cette fois, la représentante de l’hôtel Hyatt ne s’est pas présentée. Mme Diallo confirme en revanche que lors de son dépôt de plainte, on lui a conseillé de « laisser tomber » compte tenu de la personnalité du mis en cause et a été d’emblée avisée que sa plainte serait de toute façon classée sans suite.

Non sans surprise, nous lisons également dans cette dépêche que « l’association européenne contre les violences faites aux femmes a dit qu’elle pourrait se porter partie civile dans l’enquête ». Nous n’avons jamais été contactées par l’AFP ni fait une telle déclaration. C’est en tout état de cause un non-sens juridique puisqu’il n’est pas possible de se « porter partie civile dans l’enquête ». L’AVFT se constituera partie civile en cas de saisine d’un juge d’instruction ou de renvoi devant le Tribunal correctionnel.

L’article du Parisien du 11 juin intitulé « l’enquête sur l’agression d’une femme de chambre relancée » contient un certain nombre d’imprécisions : Mariama Diane Diallo a porté plainte le 28 juillet, pour des agissements qui sont produits la veille et non « quelques heures plus tôt », dans une chambre et non dans une « suite ». Elle n’était pas en « jupe » mais en pantalon. Elle a en effet refusé un examen médical aux Urgences Médico-Judiciaires de l’Hôtel-Dieu le jour de sa plainte mais s’est représentée dès le lendemain dans les services de police pour solliciter cet examen, ayant pris la mesure des conséquences de l’agression sexuelle sur sa santé. Cet examen médical n’a pourtant eu lieu que le 10 août suivant. Ni Mariama Diane Diallo ni l’AVFT n’ont été interrogées par les journalistes auteurs de cet article.

Nous avons appris par les médias la réouverture du dossier par le parquet de Paris. Mariama Diane Diallo ainsi que l’AVFT se tiennent à la disposition des services d’enquête pour toute audition qu’ils jugeraient utile.

Le 13 juin, Mariama Diane Diallo a confié la défense de ses intérêts à Me Maude Beckers, avocate au barreau de la Seine-Saint-Denis, 43 avenue Jean Lolive, 93500 Pantin, téléphone : 01 41 50 30 31.

Contact : Marilyn Baldeck
Déléguée générale
Tél : 06 84 22 25 57

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