Vol au dessus de la prise en charge psychiatrique des victimes de violences sexuelles

Nous avons récemment reçu une jeune femme victime d’agressions sexuelles commises par son supérieur hiérarchique. Elle a 20 ans, c’était son premier CDI. Ce contrat lui avait permis de prendre son premier studio.

Quand elle parle des agressions autour d’elle, on lui dit que ça va peut-être lui passer (à l’agresseur), qu’elle n’a qu’à se montrer plus ferme.

Quand elle en parle à sa mère, elle fait mine de ne pas percuter la gravité des faits qu’elle lui révèle -mais c’est vrai que ça n’est pas la première fois, elle a été agressée sexuellement quand elle était petite, ça commence à faire beaucoup- elle lui dit « c’est ton premier CDI, il faut que tu tiennes le coup ».

Elle en parle à son médecin traitant, qui lui donne un traitement médicamenteux. Comme elle crie dans le désert depuis plusieurs semaines, elle fait une tentative de suicide avec ces médicaments. Ses amis et sa famille seront bien obligés de prendre conscience que ce qu’elle vit au travail est grave.

Ses parents, qui un soir s’inquiètent qu’elle ne réponde plus au téléphone, appellent les pompiers et se rendent chez elle. Elle est évacuée, inconsciente, dans un hôpital de Seine-et-Marne, où elle est placée en réanimation pendant 48 heures. Quand elle reprend connaissance, il fait noir, elle est seule. Elle ne sait pas où elle est, ce qu’elle fait là, et elle est attachée à son lit. L’angoisse monte et redouble et elle ne pense qu’à recommencer.

Un médecin lui demande si ça va mieux, si elle a l’intention de recommencer. Elle répond « non », pour pouvoir quitter l’hôpital. N’en croyant pas un mot, ce médecin, qui ne l’a pas interrogée sur les raisons de sa tentative de suicide, décide de l’hospitaliser en psychiatrie.

Dans les jours qui suivent, elle change donc d’hôpital, continue à prendre des médicaments, rencontre des médecins, des infirmières, des psychiatres… aucun ne lui demande pourquoi elle a fait une tentative de suicide. Des agressions sexuelles ? Une peccadille, qui ne vaut pas la peine qu’on en parle.

Depuis qu’elle est sortie de l’hôpital, depuis trois mois, elle voit un psychiatre toutes les semaines. Ca dure 10 minutes (pour le prix d’une consultation d’une durée normale, bien sûr, remboursée par la sécurité sociale). Elle rentre dans son cabinet, s’assoit en face de lui et ne sait pas quoi dire, quoi faire. Il faut dire que le milieu médical psychiatrique s’est jusqu’à présent démené pour gagner sa confiance. Au bout de 10 minutes, il lui dit : « ça doit venir de vous » et « vous pouvez partir si vous voulez ». Ce qu’elle ne se prive pas de faire.

Un témoignage encore trop représentatif…

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