Souvenirs de la Cour d’Assises, Mai 1912

Extrait des notes et impressions d’André Gide, juré d’une session de Cour d’assises il y a tout juste un siècle, qui font douloureusement écho à de nombreuses impressions d’audiences et décisions de tribunaux et de Cour, où nous étions présentes :

« La première affaire : un attentat à la pudeur (nous aurons à en juger cinq (1) ).
L’accusé est acquitté. Non qu’il reste sur sa culpabilité quelque doute, mais bien parce que les jurés estiment qu’il n’y a pas lieu de condamner pour si peu. Je ne suis pas du jury de cette affaire, mais dans la suspension de séance, j’entends parler ceux qui en furent ; certains s’indignent qu’on occupe la cour de vétilles comme il s’en commet, disent-ils, chaque jour de tous les côtés ».

Aujourd’hui, nous voyons comment les parquets, les magistrats ou jurés s’acquittent de leur tâche en déqualifiant ou minimisant sans cesse les violences sexuelles [Voir « [Cour d’appel de X, mars 2012 » ou « Pour le parquet des attouchements non consentis sur les seins et les fesses constituent le délit de harcèlement moral »]], en utilisant une loi qui le leur permet « contre la vérité, pour obtenir ce qu’ils estiment devoir être la justice(2) ».

Notes

1. Les notes et questionnements d’André Gide concernant ces autres affaires traduisent par ailleurs sa méconnaissance des mécanismes des violences sexuelles.

2. « Souvenirs de la Cour d’Assises », André Gide, Ed. Folio, p.15

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