Monsieur Xavier Darcos
Ministre délégué à l’enseignement
Membre de l’UMP
Tête de liste UMP en région Aquitaine
110 rue de Grenelle
75357 Paris cedex 07
jeudi 26 février 2004
Monsieur,
Lors de la réunion de présentation de la liste « Bayrou » pour les élections régionales en Aquitaine, Mme Véronique Fayet, n° 2 sur ladite liste, a fait état de sa « fidélité » à Alain Juppé en tant que Maire UMP de Bordeaux, tout en rappelant qu’elle se « sentait plus à l’aise » politiquement au sein de l’UDF. Lundi 23 février 2004, vous avez déclaré sur les ondes de France Bleue Gironde, à propos de Mme Fayet : « Ce n’est tout de même pas à la femme adultère de donner des leçons de fidélité conjugale !« . Vous persistez sur cette voie dans l’édition du 25 février du journal Sud-Ouest.
L’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail, dont l’objet est la défense des droits des femmes dans leurs relations de travail, juge ces propos inacceptables.
Vous avez doublement diffamé Madame Fayet, une élue du peuple; d’une part en la décrivant comme une personne à la moralité douteuse puisque adultère ; d’autre part en insinuant qu’une femme politique ne peut avoir d’autonomie et a donc besoin d’un maître à penser. Vous confirmez cette analyse par d’autres propos repris dans le journal Sud -Ouest du 24 février : « Sans Juppé, Véronique Fayet qui n’avait jusqu’à présent fait carrière que dans les bons sentiments et les bonnes ?uvres, n’aurait aujourd’hui aucune existence politique. Elle lui doit tout » ;
Vous confondez délibérément la vie privée et la vie professionnelle de Mme Fayet et entretenez ainsi l’idée réactionnaire selon laquelle les femmes n’ont pas leur place dans le monde du travail en général, et politique en particulier ;
Quand Mme Fayet évoque sa fidélité à M. Juppé, vous la qualifiez de conjugale, comme si une femme politique ne pouvait avoir de relations autres que personnelles avec les hommes qui composent son entourage professionnel et politique ;
Dans vos propos, « adultère » rime nécessairement avec « femme » ; C’est une insulte sexiste caractérisée dans la mesure où elle n’aurait pas pu être adressée à un homme ;
La formulation généralisante de vos propos (« LA femme adultère« ), au delà de Mme Fayet, vise toutes les femmes et électrices de ce pays.
Cette attaque réactionnaire, machiste et sexiste est indigne d’un prétendant à l’élection et d’un Ministre de la République en charge de l’Enseignement Scolaire, ayant notamment pour mission la prévention des comportements sexistes à l’école. L’éducation, notamment celle au respect de l’autre, commence par soi-même.
Aussi, l’AVFT vous demande d’une part de présenter des excuses officielles à Mme Fayet et ce faisant à l’ensemble des femmes que vos paroles désignent ; d’autre part, de donner des précisions sur votre engagement au niveau régional – en tant que candidat – en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dont les femmes sont victimes.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations.
Catherine le Magueresse,
Présidente.
Copie à : M. Juppé, Président de l’UMP ; M. Raffarin, Premier Ministre ; réseau associatif ; presse.
Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail
Dotée du statut consultatif spécial auprès du Conseil Economique et Social de l’ONU
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