Catherine Moyon de Baecque, première sportive de haut niveau à avoir dénoncé les violences sexuelles dans le sport est licenciée par M. Lamour, ministre des sports

Le chef de cabinet du ministre des sports a en effet informé C. Moyon de Baecque du non-renouvellement de son contrat après mai 2004.

Pour mémoire, en 1991, C. Moyon de Baecque, lanceuse de marteau, a été violée et agressée par plusieurs membres de l’équipe de France, encouragés par l’entraîneur national, lors d’un stage d’athlétisme. Les agresseurs ont été condamnés par la justice en 1993 et 1994. En guise de réparation des préjudices subis par C. Moyon de Baecque, – notamment en raison de la complicité de l’encadrement de la Fédération française d’athlétisme – et afin qu’elle ne subisse pas, en outre, une exclusion du milieu sportif du fait des violences exercées à son encontre, les ministres des sports successifs se sont engagés à lui garantir un emploi.

Il s’avère que depuis son embauche par le ministère des sports en 1996, tout a été mis en ?uvre pour contraindre C. Moyon de Baecque à quitter son emploi :

 Ses compétences, sa connaissance du milieu sportif et ses qualifications (Bac +5) n’ont jamais été reconnues. Elle a été exclue de toutes les initiatives du ministère concernant «les femmes et le sport», ses fonctions n’ont jamais été définies, son indice (340, catégorie D) est juste au dessus de celui des « conducteurs d’automobile », son salaire est de 1171 euros net.

 Sa précarité a été institutionnalisée. Et elle a dû se battre pour obtenir le renouvellement de ses contrats de travail au nombre de dix d’une durée variant de 3 mois à 2 ans.

 Ses conditions de travail ont d’emblée visé à sa mise à l’écart ; elle a toujours travaillé dans un environnement hostile et a été – pendant toutes ces années – l’objet de nombreuses agressions et humiliations.

Celles-ci se sont aggravées avec l’arrivée de M. Lamour : saccage de son bureau régulièrement fouillé, fils du téléphone et de connexion à Internet arrachés. Ces violences ont été portées à la connaissance du ministre par plusieurs lettres. En vain.

Depuis le déménagement récent du Ministère des Sports, elle ne dispose pour tout mobilier que d’un téléphone posé à terre.

Ses noms et fonctions ont disparu de la majorité des documents administratifs et officiels du ministère.

Son salaire du mois de janvier 2004 ne lui a pas été payé, sans aucune explication, ni lettre d’information.

Enfin, après toutes ces années de lutte, elle est informée que le ministère a décidé de ne pas renouveler son contrat de travail en mai 2004.

La situation de C. Moyon de Baecque illustre de façon scandaleuse le sort réservé aux personnes qui dénoncent les violences sexuelles dans le sport.

Pour que C. Moyon de Baecque soit rétablie dans ses droits,
Pour que l’Etat respecte sa parole,
Parce qu’il est responsable de n’avoir pas prévenu les violences sexuelles, puis de ne les avoir pas sanctionnées ,
Parce qu’en dépit des condamnations pénales, il a continué à soutenir les agresseurs qui ont, eux, poursuivi leur carrière sportive et ont même représenté la France aux Jeux Olympiques (cf. communiqué de presse AVFT à l’AFP le 15 septembre 2000),
Pour que cessent les représailles contre les victimes qui dénoncent les violences sexuelles qu’elles ont subies,

L’AVFT demande :

 La régularisation immédiate de la situation professionnelle de C. Moyon de Baecque,

 La signature d’un contrat à durée indéterminée, à temps plein, correspondant à ses qualifications, à compter de mai 2004,

 La reconnaissance officielle par l’Etat de ses responsabilités à l’égard de C. Moyon de Baecque.

 La mise en place d’une politique effective de lutte contre les violences sexuelles, sexistes et homophobes dans le sport.

Contact: Catherine Le Magueresse,
AVFT, Tel : 01 45 84 24 24 – Fax : 01 45 83 43 93 – www.avft.org
BP 60108 75561 Paris cedex 12.

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