Vendredi 10 décembre, l’AVFT était représentée lors du « Conseil parisien de prévention de la délinquance, d’aide aux victimes et de lutte contre la drogue, les dérives sectaires et les violences faites aux femmes ».
Ce conseil est un produit de la RGPP, autrement dit la « révision générale des politiques publiques », supposée notamment améliorer l’efficacité des politiques publiques (tout en les rendant moins coûteuses). Il a phagocyté des commissions ad hoc, comme la Commission Nationale de lutte contre les violences faites aux femmes, dont l’AVFT était membre statutaire. Cette Commission Nationale se déclinait en Commissions Départementales de lutte contre les violences faites aux femmes, elles-mêmes subdivisées en sous-commission spécialisées (sur le viol, sur le harcèlement sexuel, sur les procédures policières et judiciaires, sur la prévention des violences en milieu scolaire etc.) souvent le lieu d’échanges constructifs entre représentant-es de la justice, de la police, de l’inspection du travail, de la santé, de l’éducation nationale, des collectivités territoriales et du milieu associatif et syndical, et organes à l’origine de projets novateurs.
La RGPP a décimé bon nombre de ces commissions et sous-commissions, qui avaient pourtant fait leurs preuves, tandis que d’autres, comme à Paris, font de la résistance et continuent de se réunir sans moyens si ce n’est la conscience professionnelle et politique de ses membres qui souhaitent voir des projets aboutir.
L’AVFT est donc désormais membre du susdit Conseil.
Nombreuses sont les voix qui s’étaient élevées pour dénoncer l’agrégation de plusieurs problématiques très différentes (toute forme de délinquance/drogue/dérives sectaires/violences faites aux femmes) au sein d’un même conseil et qui surtout avaient prédit -expérience oblige- l’effacement de la lutte contre les violences faites aux femmes derrière des problématiques jugées plus importantes ou plus « porteuses ».
Elles s’étaient vues opposer des discours se voulant rassurants sur l’intérêt de regrouper ces problématiques, on les avait taxées de paranoïa (« La lutte contre les violences faites aux femmes est un sujet majeur qui sera traité avec les moyens qu’il mérite »).
Vendredi dernier donc, le parquet de Paris accueillait le Conseil parisien de prévention de la délinquance (etc.), dans la salle des Criées du Palais de Justice. A la tribune, six personnes dont une femme qui sera la seule à n’être pas présentée et à ne pas avoir la parole.
La séance a démarré sur une intervention de Laurent Bègue, professeur de psychologie sociale à Grenoble et auteur d’un ouvrage curieusement intitulé « l’agression humaine », portant sur « les origines de la violence ».
L. Bègue a introduit son intervention par le double constat que l’humanité est violente depuis qu’elle existe et que cette violence tendrait à décroître (sans nuancer en fonction des différentes formes de violences) et nous a invité à nous demander, « en réalité » « qu’est-ce qui fait que le monde n’est pas plus violent aujourd’hui qu’il devrait être ? ».
Ensuite, pas un mot d’analyse sexuée de la délinquance et de la criminalité alors qu’il est statistiquement établi qu’elles sont masculines dans des proportions écrasantes. En revanche, un catalogue ahurissant, schémas et graphiques à l’appui, des « facteurs de violences » : température, densité de population, alimentation, luminosité, odeurs… « Des centaines », a-t-il dit. Quel meilleur moyen de ne pas parler des sujets qui fâchent quand tout, sans exception, peut générer de « la violence » ? « Toutes choses étant égales par ailleurs », précisait-il à propos des expériences menées sur des groupes d’individus, comme si ces groupes n’étaient pas constitués d’individus singuliers par leur histoire, leur éducation, leur culture…
Ensuite, pas un mot, dans les interventions du procureur de la République de Paris, du préfet de police ou du représentant de la mairie de Paris sur les violences faites aux femmes. En revanche, un point détaillé sur les vols de téléphones portables, avec tant de % de smartphones volés dont tant de % d’Iphone…
Et une annonce finale : en 2011, l’accent sera mis sur la violences des jeunes et sur la préoccupante augmentation de la délinquance féminine, à propos de laquelle une étude a été commandée. Et la boucle est bouclée.