Darwin sexiste ?

Le 25 décembre dernier, l’émission « sur les épaules de Darwin » de Jean-Claude Ameisen sur France Inter portait sur les émotions et la manière dont celles-ci peuvent influencer le fonctionnement du corps.

Dans cette passionnante émission, JC Ameisen reprenait le constat fait par des chercheurs selon lequel les oiseaux femelles tentent de choisir, pour se reproduire, les mâles les plus réussis, les plus « beaux ». Les oiselles ayant pu choisir et se reproduire avec les plus beaux oiseaux produisent de fait les plus gros oeufs et les oisillons les plus solides.

De là, il n’y a qu’un pas pour que des chercheurs darwinistes en aient conclu que la « beauté » de l’oiseau mâle est un indicateur de ses caractéristiques génétiques favorables et que les bonnes performances de l’oisillon ne proviennent que d’une « constitution génétique du père a été transmise à l’enfant ».

Ce que JC Ameisen ne dit pas dans son émission, c’est que cette conclusion n’est pas sans rappeler la croyance qui a prévalu pendant des siècles selon laquelle les femmes n’étaient pas pour grand chose dans la reproduction humaine, seulement le réceptacle d’un oeuf masculin suffisant à la « fabrication » du bébé.

Cette déduction, dont JC Ameisen nous apprend ensuite qu’elle a été invalidée par de récentes expériences (datant de « quelques années »), n’était pas seulement le fruit d’un manque de connaissance scientifique mais aussi d’une vision phallocentrée de la recherche.

Il n’est pas extravagant de penser qu’un-e chercheur-euse un tant soit peu débarrassé-e de ses propres stéréotypes sexistes aurait également recherché, dans les causes de la robustesse des oisillons issus des « unions » avec les plus « beaux » oiseaux, lesquels ont été choisis par les oiselles pour se reproduire, un héritage maternel.

Des récentes expériences menées sur des pinsons, donc, ont montré que les femelles choisissaient les mâles bagués en rouge au détriment des mâles bagués en vert, indépendamment des caractéristiques physiques (on suppose, la taille, la qualité du plumage etc.) de ceux-ci. Résultat ? Les oisillons issus de la reproduction avec des mâles « moyens » mais dotés de bagues rouges sont les plus résistants.
Conclusion ? La mère est au moins en partie responsable de la bonne santé de sa progéniture. Pourquoi et comment ? Les réponses précises appartiennent aux scientifiques, mais le fait qu’elle ait pu choisir son partenaire n’y semble pas indifférent…

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