Non mais vraiment…

Qu’est-ce qu’il faut pas entendre.

Nous intervenons aux côtés d’une jeune femme dont la plainte pour harcèlement sexuel a été classée pour le motif « d’obstacle juridique », comprenez : pour cause d’abrogation du délit de harcèlement sexuel.

Son « dossier » est ce qu’on peut appeler un « bon dossier » : il comporte des témoignages directs de propos très clairement connotés sexuellement qui lui ont été adressés, des témoignages de collègues qui ont reçu ses confidences circonstanciées et l’ont vue dans un « sale état », des mains-courantes de précédentes victimes avec qui elle n’avait eu aucun contact – le tout se passant dans une très grosse entreprise – un dossier médical parfaitement concordant avec les faits dénoncés etc.

La victime est en contact avec une journaliste qui prépare un article sur la question.

Cette journaliste a, comme nous lui avons suggéré de le faire, appelé le parquet (l’un des deux parquets de Seine-et-Marne) pour demander pourquoi la plainte avait été classée sans suite et si le parquet avait recherché une autre qualification (harcèlement moral, par exemple), avant de classer.

Réponse du parquet : Non, il aurait fallu que la victime nous demande de le faire. Il aurait fallu qu’elle envoie une lettre pour cela.

Ainsi, le parquet fait-il reposer la responsabilité du classement sans suite sur la victime, qui n’aurait pas demandé… alors que c’est son boulot à lui. Alors qu’il est juridiquement de sa responsabilité de rechercher si les faits sont susceptibles de revêtir une autre qualification. Alors qu’une circulaire le rappelle expressément.
Alors que les victimes ne sont pas sensées savoir, elles, que des mêmes « faits » sont susceptibles de constituer deux délits différents.

Et alors que, en général, lorsque les victimes « demandent », même les choses les plus élémentaires, les plus légitimes… il y en a toujours pour crier, y compris au sein du parquet, à « la dérive victimaire ».

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