Dans une interview accordée au magazine Elle le 29 mars 2013, Aldo Naouri, pédiatre et écrivain, a tenu les propos suivants :
- ELLE. Dans votre livre, vous évoquez ces mères entièrement dévouées et qui ne font plus l’amour après la naissance de leur bébé. Vous parlez d’une consultation où vous dites à un père devant sa femme : « Violez-la ! » ; C’est choquant : le viol, y compris conjugal, est un crime condamné par le Code pénal.
- Aldo Naouri. C’est évidemment une provocation ! J’étais devant un homme qui me disait : « J’en crève d’envie mais j’attends qu’elle veuille. » Sa femme le regardait sans rien dire. J’ai dit en exagérant : « Violez-la ! ». C’était excessif mais c’était une manière de dire : allez-y, foncez, ça viendra bien ! D’ailleurs, à ces mots, le visage de la femme s’est illuminé !».
Aldo Naouri persiste et signe donc en disant « allez-y, foncez, ça viendra bien», et en reprenant à son compte un refrain psychanalytique bien connu et qui fait les beaux jours de la pornographie, selon lequel les femmes aimeraient être forcées (« le visage de la femme s’est illuminé »), dans le droit fil de l’idéologie patriarcale qu’il promeut depuis des années, à rebours des avancées de la société tout entière et du droit, qui a fait de la relation de couple une circonstance aggravante du viol.
Les propos d’Aldo Naouri ne relèvent pas d’une « opinion légitime » ou d’une proposition thérapeutique recevable, mais d’une infraction au Code pénal.
L’article 24 de la loi sur la presse punit en effet de « cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ceux qui (…) auront directement provoqué, dans le cas où cette provocation n’aurait pas été suivie d’effet, à commettre l’une des infractions suivantes : « les atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne et les agressions sexuelles définies par le livre II du code pénal ».
L’article 23 de la même loi dispose quant à lui que « seront punis comme complices d’une action qualifiée crime ou délit ceux, qui soit par des discours (…) des écrits (…) vendus ou distribués (…) auront directement provoqué l’auteur ou les auteurs à commettre ladite action, si la provocation a été suivie d’effet ».
Ces propos sont d’autant plus graves qu’ils émanent d’une personne qui bénéficie de l’autorité que lui confère son statut de médecin, et de médecin médiatique. Ils constituent un trouble à l’ordre public.
Le ministère public, qui représente les intérêts de la société, peut poursuivre d’office Aldo Naouri.
Nous lui demandons d’agir.
Contacts :
- Osez le Féminisme !, Claire Serre-Combe
- AVFT Libres et Égales (Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail), Marilyn Baldeck
- Collectif féministe Contre le Viol, Emmanuelle Piet
- Chiennes de Garde, Marie-Noëlle Bas