Mariage « précoce »

Les messages dont nous bombarde le métro parisien sont un motif inépuisable d’agacement, de colère et de critique féministe. Il ne s’agit hélas pas uniquement de messages publicitaires cherchant à nous faire acheter des choses, mais parfois aussi de messages associatifs ou caritatifs, sur lesquels nous pouvons jeter un regard encore plus exigeant puisqu’ils font appel à la générosité du public et défendent des « causes » derrière lesquelles il y a des gens.

Le dernier en date est celui de la campagne de PLAN contre les mariages « précoces ».

PLAN se présente comme une « ONG de solidarité nationale », PLAN France comme « une association française de bienfaisance à but humanitaire ».

Sur les 4X3 du métro, on peut voir l’image de deux enfants, une fille et un garçon dont l’apparence physique et vestimentaire indique qu’ils sont indiens, qui se tiennent la main. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne respirent pas le bonheur.

La légende de cette photo est la suivante :

« TOUTES LES PETITES FILLES REVENT D’AVOIR PLUS TARD UN MARI »
« POUR CERTAINES, PLUS TARD ARRIVE BIEN TROP TOT »

Les concepteurs de cette campagne ont manifestement oublié de consulter leur manuel « le féminisme pour les nuls », ce qui leur aurait peut-être évité de nous balancer une injonction hétéro-patriarcale d’un autre âge sous couvert d’une action dont le fond est assez peu contestable.

Décodage :

Toutes les petites filles DU MONDE, sans exception, rêvent d’avoir un mari. Et pourquoi pas d’avoir plein d’enfants et d’attendre ledit mari dans une maison bien tenue avec un bon repas et prête pour remplir son devoir conjugal, pendant qu’on y est ?!

Toutes les petites filles DU MONDE, sans exception, dont le rêve ultime est de se marier plus tard, rêvent de se marier plus tard avec un monsieur. Elles ne peuvent pas rêver d’amours homosexuelles.

Pas un mot sur les rêves du petit garçon de l’affiche à qui personne n’a demandé son avis non plus dans cette histoire.

Ceci étant, il n’est point question ici de choix de se marier ou pas, le mariage, pour les enfants indiens comme dans le reste du monde n’est pas présenté comme une simple option(1) mais comme une donnée immuable. Il est uniquement question de temporalité, de décaler le mariage dans le temps.

Le dernier mot d’ordre de la campagne est en effet : « Faisons reculer le mariage précoce ».

Heu… même s’il est forcé ?

Il n’est d’ailleurs pas non plus question d’interdire ni même de « faire disparaître », mais de « faire reculer ».

Un bien mauvais plan pour les femmes…

MB

Notes

1. Alors que, en France, le nombre de couples qui décident de se marier ne cesse de baisser, selon l’INSEE.

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