Vous le savez, Gérard Ducray, cet homme qui a accumulé le pouvoir toute sa vie, ancien avocat, ancien secrétaire d’Etat au tourisme, ancien député et ancien adjoint à la mairie de Villefranche-sur-Saône en charge de la sécurité, cet homme condamné pour harcèlement sexuel qui a obtenu du Conseil constitutionnel l’abrogation du délit de harcèlement sexuel, cet homme a finalement été condamné pour agressions sexuelles commises à l’encontre d’Aline Rigaud, qui était sa subordonnée, le 17 novembre 2014(1).
Sophie Péchaud et moi avons assisté à l’audience de la 9ème chambre de la Cour d’appel de Lyon, le 13 octobre. Nous y tenions pour des raisons évidentes, l’enjeu étant un formidable retournement de situation, mais aussi parce qu’Aline Rigaud, principale plaignante contre Ducray, n’avait pas souhaité y assister, lessivée par des années de procédures et d’attaques ad hominem. Or il fallait des témoins.
Après l’annonce de la condamnation, je tenais aussi à partager la teneur de ces quelques heures de procès. La salle d’audience étant quasiment vide, personne ou presque n’a pu profiter de la publicité des débats d’un procès essentiel, et aucun des articles publiés dans la presse n’a rendu compte de leur singularité.
En effet, quels débats ! Un président remarquable et une défense surréaliste, qui traduisait un sentiment de toute-puissance et d’impunité que l’on préférerait croire d’un autre âge et qui a fourni des indications très précieuses sur l’appréhension du consentement sexuel dans le discours des agresseurs.
Les lignes qui suivent rendent compte de l’essentiel. Elles ont été expurgées de tout ce qui n’était pas significatif. Mes commentaires et éclairages sont entre crochets.
Marilyn Baldeck
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Notes
1. Procédurier jusqu’au bout, il s’est pourvu en cassation contre cet arrêt, la procédure est toujours pendante.