JOUR 1

Reprise du travail à Paris après la trêve estivale et un séminaire de travail visant en toute modestie à réécrire le Code pénal, exercice éreintant et revigorant à la fois.

Première journée : permanence aux urgences médico-judiciaires de l’Hôtel-Dieu. Gratifiée dès la remise des clés du bureau par un « Alors la miss elle veut les clés n° 26, c’est ça ? ». Oui c’est ça, la miss en moins. SMS du bureau : Mme J est là, elle n’avait pas rendez-vous mais c’est très urgent, elle est passée à l’improviste. Mme J. me rejoint donc à l’Hôtel-Dieu. Elle est convoquée au commissariat dans l’après-midi. La policière qui mène l’enquête suite à sa plainte pour viol tient absolument à auditionner ses quatre frères, avec qui elle est en froid, qui vont forcément tenter de la décrédibiliser, qu’elle n’a pas vus depuis des années et qui n’ont rien à voir avec la choucroute, ainsi que son fils, qu’elle a pris soin jusque là de tenir à l’écart et de protéger d’une procédure dont il ignore tout. « De toute façon si vous ne me donnez pas leurs coordonnées, je les trouverai même si ça me prend six mois », a-t-elle dit.
Mme J est complètement paniquée à l’idée que sa famille soit au courant et dit qu’elle veut tout abandonner. Après 1h30 passées ensemble, quand elle repart elle semble prête à affronter la suite…

Direction l’AVFT via le métro : on y croise une affiche publicitaire pour « le salon de la femme », qui s’est apparemment déjà retrouvé dans le viseur des féministes. On apprend que les bénéfices seront reversés à des associations, comme si c’était une excuse. Les associations ne sont d’ailleurs pas en reste quand il s’agit de véhiculer des représentations misogynes pour (tenter de) défendre leurs intérêts. Nous avions déjà critiqué la campagne de Plan France sur la lutte contre le « mariage précoce ». En cette rentrée, le métro parisien nous inflige de nouveau la campagne de l’association « vaincre la mucoviscidose ». La cage thoracique d’une femme est entourée d’un carcan métallique qui évoque l’étouffement que provoque cette saleté de maladie. Mais en plus d’être prisonnière de la mucoviscidose, cette femme, seins nus, est également encerclée par les bras d’un homme placé derrière elle dans une attitude se voulant protectrice, et dont l’une des mains tient son sein gauche. Mais pourquoi ? Pourquoi faut-il que même les associations sexualisent, réifient, instrumentalisent le corps des femmes et illustrent leur possession par les hommes ? La réciproque – une femme enlaçant un homme nu avec une main sur son costume trois pièces ??!Burlesque tant elle est impossible.

Après-midi, à l’AVFT : l’avocate de Mme J. appelle. Sa cliente a été évacuée du commissariat par les pompiers direction l’hôpital. Cela ne s’est manifestement « pas très bien passé » avec la policière.

Une rentrée… « normale », une plongée immédiate dans les combats de toutes les tailles à mener pour cette nouvelle année militante.

L’été a fini de faire mûrir des projets en cours. Dans les semaines qui suivent, nous publierons une interpellation d’un parquet francilien sur le traitement judiciaire des violences sexuelles en son sein, une analyse de l’impact des procédures pénales sur les procédures civiles en matière de violences sexuelles, à partir d’un revirement de jurisprudence de la Cour de cassation, un article sur les « soignants-agresseurs », les témoignages d’une victime en cours de procédure. Nous ferons également le point sur l’appel à soutien lancé en juin pour financer des procédures, et publierons le droit de réponse qu’un avocat, nommément cité dans un de nos comptes-rendus d’audience, a souhaité exercer.

A bientôt, et bonne rentrée !

MB

Print Friendly, PDF & Email
Cliquez pour partager sur Facebook (ouvre dans une nouvelle fenêtre) Cliquez pour partager sur Twitter (ouvre dans une nouvelle fenêtre) Cliquez pour partager sur Whatsapp (ouvre dans une nouvelle fenêtre) Cliquez pour partager par email (ouvre dans une nouvelle fenêtre) Cliquez pour obtenir un PDF de cette page prêt à imprimer ou à partager par email