Le 24 mai 1996, à 9 heures, ont eu lieu les entretiens préalables aux licenciements économiques de toutes les salariées de l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT).
L’AVFT- en grève depuis douze jours – n’a toujours pas reçu les subventions gouvernementales qui lui permettent de fonctionner.
Depuis le 13 mai, l’AVFT, des femmes victimes de violences et nos partenaires (inspecteurs-inspectrices du travail, associations, avocats…) ont vainement saisi les ministres concernés (Jacques Barrot, Ministre du Travail et des Affaires Sociales, et Anne-Marie Couderc, Ministre déléguée à l’Emploi chargée des Droits des Femmes).
Le mutisme du gouvernement révèle un désengagement dans la lutte contre les violences, le harcèlement sexuel, les discriminations à l’égard des femmes au travail et le maintien dans leur emploi dans des conditions garantissant leur dignité.
En ne donnant pas à l’AVFT les moyens de son action, le gouvernement désavoue ses engagements politiques:
Nationaux : la Ministre chargée des droits des femmes -Mme Couderc- déclarait le 4 mars 1996 à l’UNESCO qu’elle n’admettait pas les violences contre les femmes » ni en tant que femme , ni en tant que citoyenne dans un pays démocratique, ni en tant que responsable politique » ,
Européens : dans le cadre du 4ème programme à l’égalité des chances entre femmes et hommes,
Internationaux : signature par la France de la plate-forme onusienne de Pékin.
Force est de constater qu’en sabotant ainsi notre travail, pourtant reconnu et soutenu par dix années de subventionnement public, le gouvernement prend le parti de ceux qui ne respectent pas les lois et droits des salariées et tolère des conditions de travail discriminatoires et attentatoires à la dignité des femmes au travail.