A 10 km de distance, un traitement des plaintes radicalement différent

Deux victimes de violences sexuelles ayant saisi l’AVFT et deux agresseurs différents. Elles ne se connaissent pas et vivent à moins de dix kilomètres l’une de l’autre, dans le sud de la France. Elles portent plainte.

Les plaintes sont prises par des officiers de police judiciaire différents, dans des lieux différents : La première plainte est recueillie par un gendarme, la deuxième par une policière, « référente pour les violences à l’encontre des femmes ».

Laquelle des deux victimes est-elle la mieux reçue ? La seconde ?

La première victime est reçue par un gendarme à l’écoute, ayant créé les conditions propices à ce qu’elle puisse s’exprimer sans craindre d’être jugée, un gendarme consciencieux, qui mènera une enquête rigoureuse, laquelle aboutira au renvoi de l’agresseur devant le Tribunal correctionnel.

La seconde est donc reçue par la policière soit-disant «spécialiste des violences sexuelles», qui, sous couvert de cette compétence particulière, se permettra d’emblée de mettre en doute sa parole, parfois de manière extrêmement virulente, en hurlant, en adoptant un comportement physiquement intimidant (grands gestes, mouvements brusques…) et en la menaçant («si vous continuez à mentir, c’est vous qui allez être poursuivie»).
La victime s’est donc complètement renfermée sur elle-même, tétanisée par l’agressivité de la policière en qui elle avait initialement placé sa confiance et, de ce fait, n’a plus été en mesure de répondre précisément à ses questions, tout simplement, d’expliquer les violences de manière cohérente (ce qu’elle a fait sans aucune hésitation quand elle a été reçue à l’AVFT, et par son avocat).
En toute logique, le procureur, saisi de cette scandaleuse enquête, a rendu un avis de classement sans suite.

Soutenant l’appel de la victime devant le procureur général, nous lui avons écrit :

«(…) il est de notre responsabilité de vous faire part du témoignage de Mme X pour ce qui concerne l’enquête menée par Mme C., policière. Mme X nous en a régulièrement rendu compte, oralement et par écrit.
Elle nous a confié l’animosité qui s’est exprimée à son encontre (hurlements, questions posées plusieurs fois et enchaînées à d’autres sans que le temps de la réponse lui soit donné, affirmation que Mme X ferait «son cinéma», rendez-vous donnés à des horaires où elle ne pouvait être présente ce qui lui sera ensuite reproché…).
Elle témoigne en outre de ce que sa parole a d’emblée été mise en doute et ses réponses constamment interprétées comme étant le reflet du mensonge, au motif que :

 Ses silences, son incapacité parfois à répondre aux questions posées en seraient la preuve

 Son haut niveau d’instruction aurait dû lui donner les armes pour déjouer les stratégies de M. Y.

 L’affirmation d’avoir régulièrement été victime de violences sexuelles au cours de sa vie la rendrait peu crédible tant ces violences sont nombreuses

 Si elle avait vraiment été victime de violences sexuelles, elle aurait dû et pu se défendre physiquement ; Elle ne serait pas retournée travailler.

Ces assertions, qui ont manifestement imprimé le déroulement de l’enquête de police, sont nourries de stéréotypes tenaces sur les violences sexuelles et liées à des carences dans la connaissance des mécanismes de ces violences.

Or seul un «crédit temporaire de bonne foi» accordé à la plaignante, qui se manifeste par une mise en confiance, permet de faire la lumière sur les faits qui se sont réellement produits. Il est évident qu’au contraire, en cas de suspicion clairement affichée, les plaignantes craignent que les services d’enquête aient une perception erronée de leur parole et peuvent adopter une légitime attitude défensive qui compromet les chances d’obtenir les informations utiles au bon déroulement de l’enquête».

Dans ce dossier, nous repartons à zéro, tout est à refaire. A cause d’une personne dont l’intitulé du poste est une véritable imposture.

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