L’AVFT intervient auprès de Mme C. depuis quatre ans.
La procédure judiciaire pour agressions sexuelles qu’elle avait initiée et au cours de laquelle l’association s’était constituée partie civile vient de se solder par une ordonnance de non-lieu, dont elle a décidé de ne pas relever appel.
Parce que « ça finit par coûter cher »… mais aussi et surtout parce que « c’était le moment de mettre un point final à cette histoire ».
Mme C. explique que, bien sûr, elle aurait préféré que l’homme qu’elle mettait en cause soit jugé par un tribunal correctionnel, mais qu’elle ne regrette rien, qu’elle est sûre d’avoir fait le bon choix en déposant une plainte avec constitution de partie civile contre lui, car « il a quand même dû s’expliquer devant une juge », « il n’était pas fier », « ça a révélé à quel point il était pleutre », « il n’a pas dû dormir tranquille », et surtout, dit-elle, « parce que lors de la confrontation, c’est moi qui ait eu le dessus ». Elle précise qu’elle n’avait pas peur, qu’elle a enfin pu dire tout ce qu’il lui avait fait dans le cadre protégé du cabinet de la juge d’instruction, et qu’à ce moment-là, elle a repris non seulement du pouvoir sur lui mais aussi sur toute sa vie.
La procédure lui a permis de sortir du silence et de confier à ses enfants et à son mari les violences incestueuses commises par son père dont elle a été victime pendant son enfance, de tirer un trait sur ces violences-là aussi. De solidifier sa famille en évacuant un non-dit.
La dénonciation du fait que l’institution judiciaire serait indûment utilisée par « les victimes » (toutes, sans distinction !) à des fins quasi-thérapeutiques revient de manière cyclique.
Mais il ne s’agit pas de cela : la justice, et parfois même quand elle n’aboutit pas sur des condamnations, permet de remettre le monde à l’endroit.