« On se masculinise pour éviter la tentation »

Dans le cadre de l’émission de TF1 « en immersion sur le théâtre afghan », Harry Roselmack, journaliste, interviewe une jeune femme infirmière-adjudant (au masculin), seule femme du camp militaire.

Elle déclare qu’en tant que femme, elle est « un peu plus chouchoutée par les légionnaires » et qu’en réalité, « tous les militaires, les légionnaires, sont très galants ».

Harry Roselmack lui demande si cela lui pose problème d’être une femme dans un milieu masculin, si elle n’avait pas « d’appréhension » avant d’arriver en Afghanistan.

L’infirmière lui répond que non, tout va bien, « si chacun reste à sa place y’aura jamais de soucis ».

Le journaliste ne juge pas utile de l’interroger sur ce que signifie « rester à sa place » et surtout, qui est sensé y rester, la réponse à cette question semblant couler de source. Il lui demande cependant : « Tout le monde reste toujours à sa place ? » (« tout le monde » étant forcément masculin puisqu’elle est la seule femme). La soldate répond « oui, je n’ai jamais eu de soucis ».

Elle rajoute que, quand même, « vivement la vie civile, pour pouvoir faire les magasins ».

Saisissant la balle au bond, Harry Roselmack l’interpelle sur sa tenue, en l’occurrence un treillis camouflage : « Vous êtes habillée toute la journée comme ça ?! ». Il semble en effet trouver extraordinaire qu’une militaire, dans un pays en guerre, soit vêtue comme… une militaire (Imaginer la même question posée à un soldat pour réaliser son ineptie).

Il poursuit : « L’idée, c’est pas de se masculiniser pour ne pas provoquer ? ».
Si vous espérez qu’il s’agit d’une question volontairement provocante de sorte qu’elle suscite le débat et permette de déconstruire le stéréotype du besoin-sexuel-masculin-irrépressible, vous pouvez immédiatement vous débarrasser de vos illusions : C’est de l’absolu premier degré. Ce à quoi elle répond le plus spontanément du monde : « Si, il faut éviter de les provoquer« . Elle explique que, par exemple, elle ne se met pas en short pour faire du sport. Car « les hommes sont là depuis quatre mois et demi, faut pas les tenter ».
Harry Roselmack, pas vraiment contrariant, s’empresse de ponctuer : « Bien sûr » (sur un ton qui veut dire que c’est effectivement beaucoup plus raisonnable).
L’infirmière-adjudante poursuit : « Et il y a aussi quelques Afghans en civil qui vous regardent comme si vous étiez nue. On se masculinise pour éviter la tentation ».

A écouter à partir de la 23ème minute ici.

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